Trouver sa voix n'est pas une question de vocation [Pv Eli]

Une nouvelle vie commençait pour moi, une vie assez spéciale. Tout d'abord, j'étais née dans un complexe scientifique, tandis que la plupart des gens naissaient dans des hopitaux, en sortant du ventre de leur mère. Ma mère était la première personne que j'avais vue, pourtant, je ne me rappelles pas être sortie de son ventre d'ailleurs, j'étais beaucoup trop grande pour en sortir. Aussi, depuis que je suis née, je n'ai pas fermé l'oeil une seule fois, alors que les autres personnes, elles, s'allongent dans un lit et font ce qu'ils appellent dormir. Je ne me sentais pas l'envie de dormir, comment pouvait-on rester là, allongé sur un lit durant toute la nuit avec les yeux fermés ?

Il y avait autre chose qui ne semblait pas normal, en seulement deux jours de vie, j'avais commis deux meurtres et je n'en regrettai qu'un ! Celui de ma chère mère, pourquoi l'avais-je tuée ? Elle m'aurait été tellement utile maintenant ! Et elle au moins, elle savait qui j'étais ! Elle pouvait me comprendre, maintenant, j'étais seule. Je réfléchissais à tout ça sur la route. Après avoir déjeuné dans un fast-food ce matin, j'avais parcouru les routes à la recherche d'un endroit qui aurait pu m'aider, mais plus j'avançais, plus je me rendais compte qu'un tel endroit n'existait pas. A force de chercher, j'abandonna ma tâche et m'imposa de relever un défi. Les gens ici semblaient communiquer en parlant, mais on ne m'avait pas appris à le faire et je devais donc apprendre par moi-même.

J'aperçus alors un drôle de magasin au loin où les gens se groupaient. Curieuse, je fit une pause dans mon défi et alla jeter un coup d'oeil, je montait alors sur le trottoir pour me diriger là-bas, en voyant la tête des gens qui circulaient à pied dessus, je savais que je n'avais pas le droit, mais je n'étais plus à ça près. Le magasin en question vendait des appareils tout plats qui affichaient des images. Les images bougeaient et représentaient des personnes qui parlaient. J'entendais leur voix à travers la vitrine et je me rendais compte que c'était de ça dont j'avais besoin pour m'entrainer à parler. Ils y avait trois images différentes réparties sur plusieures télévisions, comme ils appellaient apparement ça sur des étiquettes plaçées au dessous.

Tandis que je me concentrais sur telle ou telle image pour trouver quel son correspondait à quelle image, je réussis à faire le lien entre un son et une de ces images qui représentait une sorte de bureau ou quelqu'un parlait et d'après ce que je comprenais, il parlait de ce qui se passait partout dans le monde, il donnait des nouvelles des autres régions, et le monde me semblait tout d'un coup très vaste. J'avais donc regardé un peu cette image, avant de passer à une autre, qui était un dessin animé avec un écureuil, le dessin animé s'intitulait Screwy Squirel et une petite voix prononçait le nom de l'épisode pourtant écrit en dessous "L'écureuil tue tout le monde" voilà une phrase facile à dire, et je n'avais qu'à la répéter, je fit alors une tentative et dit d'une voix faible et cassée que je me découvrait :

"L...L'é...L'écureuil tue tout le monde..."

Cela me donnait une étrange sensation, sentir ma voix vibrer au fond de ma gorge et entendre mes premiers mots tandis que les gens tout autour me regardaient avec un air très inquiet et laissaient de l'espace entre eux et moi. J'en profita donc pour me diriger vers un autre écran et je me concentrais pour entendre le son qui allait avec et qui indubitablement était le dernier. La télévision montrait des images de gens assis autour d'une table dans des fauteuils et avaient l'air de discuter de choses très sérieusement. Le sujet de la conversation semblait être inscrit tout en bas de la télé, ils se posaient donc une question, "Faut-il censurer certaines scènes choquantes dans les programmes pour enfants". Peut-être ici prononceraient-ils une phrase plus compliquée, une phrase qui pouvait représenter un quelconque défi pour moi, et je n'avais pas tort, l'un d'entre eux commença par dire "Prenons Pokémon par exemple", mais ce ne fut pas cette phrase que je choisit, car il fut tout de suite interrompu par un autre qui s'exclamait "Mais Pokémon c'est du bidon !". Voilà une phrase un peu plus dure à répéter si je voulais prendre l'intonation du mec dans la télé. Pour m'exercer, je me mit donc à crier :

"Pokémon c'est du bidon !"

Alors que j'étais fière de moi, car je venais d'avoir réussi à prononcer une phrase dite par quelqu'un d'autre en gardant son intonation, je cherchais un soutien quelconque et mon regard se portait sur les gens alentours qui semblaient vraiment inquiets et repoussés par moi, tandis que j'en entendais un parler à un petit appareil et dire :

"Allo, la police, nous pensons que nous avons une mutante en liberté ici, elle semble vraiment pas nette, venez vite !"

La police, c'était les mêmes gens que le type qu'elle avait tué, lui aussi, il était marqué police sur sa voiture, il y en avait d'autres que lui ? La situation tournait au vinaigre, et je n'avais pas besoin de savoir parler pour me rendre compte qu'il fallait fuir au plus vite. Je tentais de me diriger vers ma moto lorsque je sentis une étreinte autour de mon bras, apparement, quelqu'un ne voulait pas que je m'en aille.

"Toi, tu restes ici jusqu'à ce que les poulets arrivent d'accord ? Sale mutante !"

Mais je n'étais pas d'accord avec cet homme qui était d'ailleurs tout aussi bizarre, moi, je voulais partir, je fis alors un mouvement spécial avec mon bras pour lui faire lâcher prise comme je l'avais vu là où je suis née, puis, je lui plaça un joli coup de pied à un endroit sensible de l'entrejambe et tandis que l'homme en question se pliait en deux, je lui fis un coup du lapin et il tomba au sol, j'avais encore une fois tué quelqu'un et désormais, à chaque fois que je parlerai, je repenserai à lui. Je n'avais pas voulu le tuer, mais ça avait été plus fort que moi, je n'avais voulu que l'assomer, mais à la place, je l'avais tué ! Alors que je m'effondrais en larmes, j'aurais voulu dire à tous ces gens qui me regardaient agressivement de me pardonner, que je ne voulais pas, mais j'en étais bien incapable. Je repris alors ma moto et mit mon casque rapidement avant de démarrer et de repartir en trombe.

Sur la route, j'avais fini par oublier cet incident, et je cherchais maintenant un autre endroit où je pouvais en apprendre un peu plus sur mon espèce, mais cela semblait très difficile pour une pauvre fille née dans un laboratoire de s'y retrouver en plein coeur d'une si grande ville. Malgré tout ce que j'avais appris ici, je me doutais bien qu'un tel lieu n'existait pas, ou du moins, s'il existait, il ne serait pas marqué "Lieu pour pauvre fille désespérée". Je traçai la route, en analysant chaque nom de rue et en le situant géographiquement dans mon esprit, toutes les adresses, boutiques, cabinets de médecin s'y enregistraient sans pour autant que je comprenne de quoi il s'agissait, tant qu'à faire, autant ne pas rendre mon voyage inutile, je continuais tranquillement ma route quand au détour d'une route, je vis une situation légèrement délicate. Une sorte d'altercation comme celles dont j'avais souvent été victime, deux camps semblaient de former, d'un côté une jeune fille, à peu près mon âge et de l'autre une dizaine de mecs aux intentions obscures. De là où j'étais, je pouvais encore agir avant qu'il ne se passe quelque chose, tout se passa en quelques fractions de secondes avant que je n'agisse, cela pourrait peut-être m'attirer la sympathie de l'un des deux camps. Il fallait d'abord choisir un camp. Celui des mecs avait l'avantage d'être plus nombreux, ce qui pourrait m'attirer la sympathie d'autant plus de personnes, seulement, j'estimai dès lors à 60% les chances qu'ils ne désiraient pas que je tue la jeune fille, ils étaient numériquement supérieurs et semblaient maîtriser la situation sans que j'intervienne. Quant à la jeune fille, son profil semblait interessant. Apparement ayant à peu près mon âge, du même sexe que moi, elle semblait un peu perdue et désorientée face à eux, ce sentiment, je le connaissais aussi.

De par ces affinitées avec la jeune fille, je décidai alors de foncer sur les mecs, ils semblaient tellement concentrés sur leur tâche qu'ils ne m'entendirent même pas arriver. Et quand ils me remarquèrent, ce fut trop tard, je venais déjà d'entamer un dérapage contrôlé comme celui vu à la télé. Alors que j'étais penchée avec, la moto se déplaçait latéralement en choquant sur les jambes et les genoux des quelques mecs qui ne s'étaient pas écartés ou qui n'avaient pas pu le faire, je tendis un pied en arrière comme on m'avait appris pour augmenter la zone de balayage et toucher le plus de personnes possible. Une fois stoppée, je descendis de la moto et acheva quelques mecs à mains nues, certainement que la jeune fille me serait redevable. J'avais appris à calculer les réactions diverses des gens, mais ce que je n'avais pas prévu au programme, c'était le mec qui se tenait discrètement derrière moi, un couteau à la main.

Je vais y répondre prochainement.

Je demande une requête : si dans une semaine, je n'ai pas de réponse, je change de partenaire, merci de la prendre en compte...