Peut-être y aura-t-il mieux demain... [PV]

«Votre nom...»

demandait la voix nonchalante de la femme, derrière le mur de vitre par bal de la caisse pop. Son nom… Mais ça faisait déjà deux fois qu’il le lui disait! Elle était sourde ou quoi? Helloooow! On se réveille! On sort la tête des magasine porno, on regarde le client, on lui sourit gentiment et on lui répond avec enthousiasme. Du moins était-ce habituellement la politique lorsque que l’on prenait place dans un boulot en public. Il reprit donc là où ils en étaient, laissant patienter les gens derrière lui, évidemment.

« Cooool’s Dashwooood! C-O-L…. Oui, comme ça... avec un apostrophe... S… Dashwood… D-A-S-H… Vous m’écoutez, oui?... O-O-D! »

Ce n’était pas qu’il cherchait à se montrer malpoli ou quoi que ce soit dans ce genre là, mais voilà. Il écouta les doigts si peu gracieux de la femme, taper quelque touche du vieux clavier. Elle était absolument pitoyable, mais il ne disait rien. Il avait envie de lui demander pourquoi elle restait là, pourquoi diable ne changeait-elle pas de boulot si ça l’emmerdait à ce point, à la fin. Mais il se tut. Ça ne le regardait pas et le gênait délibérément. Elle cessa tout mouvement pour relever la tête vers le jeune homme, pas encore assez vieux pour faire partie de la majorité au US, bien qu’assez pour l’être ailleurs, en d’autres pays. Elle paraissait sceptique.

« Je suis désolée, monsieur Dash… Da… Monsieur. On ne peut vous donner les prêts demandés. Rien ne nous garantie un possible remboursement. Sans compter que vous êtes déjà endetté. »

Dans un soupir, l’étudiant récupéra son sac sur le comptoir et s’éloigna, sans demander son reste à la femme. Il n’y arrivait plus, décidément. Si même les cabarets ne lui rapportaient que peu, le dépanneur, lui, c’était pire. De retour dans la rue. De retour sur terre. Il passa devant chez lui. Ou plutôt devant la porte de l’immeuble dans lequel il demeurait avec ceux qui l’avaient élevé dès ses jeunes âges. Il ne retournerait pas de suite. Pas pour leur annoncer qu’il ne pouvait plus payer le loyer, nourriture, aller aux études et faire deux boulots en même temps, sans avoir droit aux prêts. Décidément, c’était la merde.

Il se plantant devant la porte du petit café dont il ignorait littéralement et dont il ne cherchait vraiment pas à connaitre, finalement. Cet air morose, chez lui, n’était absolument pas habituel, lui qui, d’ordinaire, faisait tout pou démontrer le contraire. Il étouffa cette envie de vomir qui lui prenait régulièrement, en inspirant un bon coup, puis ouvrit la porte. Il entendit la petite clochette teinter au dessus de sa tête lorsqu’il traversa le seuil de l’entrée. Il jeta évidemment un coup d’œil à l’intérieur, y reconnaissant quelques visages, vague dans sa mémoire, comme s’il les avait sans doute déjà rencontrés dans la rue. Évidemment, tous ces gens, normaux, le croyait tel quel. Après tout, il avait tout fait pour se cacher de ce monstre qu’ils considéraient. Il faisait comme si de rien n’était. Cherchait une vie forte pénible, mais fort ordinaire. Bien qu’ennuyante, bien que trop occupé, il ne sortait ni ne prenait la peine de voir des amis quelconque.

Il s’installa un peu à part, dans un coin, laissant le serveur qu’il connaissait déjà s’approcher de lui, avec ce franc sourire aux lèvres. Comme s’il voulait lui remonté le moral, il lui proposa le chocolat chaud avec crème dessus. Pourquoi pas? Il savait que ce n’était pas très bon pour son cœur et tout ça, mais comme il s’en moquait, en ce moment. Franchement, son pauvre cœur pouvait bien le laisser tranquille, pour une fois, non? Oui, pourquoi pas…

<< Mademoiselle ? Vous m'écoutez ? >>

La voie chevrotante de la vieille femme la fit sortir de sa léthargie et elle braqua sur l'inconnue un regard étonné. Hein, quoi ? Qu'est ce qu'elle voulait la mémère ? Bien sur que non, elle ne l'écoutait pas, d'ailleurs, ses parents lui avaient répétés cent fois de ne jamais parler aux inconnus dans la rue, alors même si elle était vieille, courbée et tremblait des pieds à la tête, elle pouvait très bien être une potentielle tueuse en série. Bah quoi ? De nos jours, n'importe qui pouvait commettre un meurtre, et mieux valait être prudent. Serte, c'était pas elle qui risquait d'être le plus en danger mais, elle ne comptait pas trop sur ces pouvoirs pour la tirer d'affaire. Hors de question de les afficher aux yeux de tous et de finir par être considérée comme une pestiférée dangereuse et contagieuse. Cette pensée la fit soupirer, et, ne prêtant aucune attention aux vociférations de la vieille, elle fit demi tour et s'éloigna le plus vite possible de cette dégénérée.

Bon, d'accord, c'était elle qui lui avait foncé dedans, mais pas besoin de faire tout un splitch pour une si petite bousculade qui l'avait juste envoyé valser un mètre plus loin. Elle s'était pourtant excusée, lui avait expliqué cent fois qu'elle était pressée et qu'elle n'avait pas une seconde à perdre. La mamie c'était pourtant mise à la sermonner, sous le regard des passant indignés par le comportement de cette adolescente. Mais elle s'en fichait bien de ce qu'ils pouvaient penser d'elle, et elle n'hésita pas à le leur faire comprendre en grimaçant et tirant la langue. Ce qui envenima bien les choses. La grand-mère, révoltée par ce comportement repris de plus belle ses jérémiades. Et blablabla et blablabla. Ce que les mamies pouvaient être gonflantes ! Lou s'était donc contenter de regarder ses pieds, sans vraiment écouter ce qu'elle disait.

Maintenant, elle marchait à vive allure, courait presque pour agrandir la distance qui les séparait, se jurant de regarder ou elle marchait cette fois ci. Un son de cloche et puis, POUF, elle disparut ! Nan, en vérité, elle s'était réfugier dans le premier café qu'elle avait trouvé et resta un moment appuyée contre la porte, essoufflée par la course qu'elle venait de terminer. C'était stupide ce qu'elle venait de faire, fuir devant une pauvre vieille dame sans défense ! Elle rigola, d'un rire franc qui fit tourner quelques têtes vers sa direction. Conscient qu'elle était épiée par tout le monde, elle se calma et traversa la pièce à la recherche d'une bonne table, pour s'y assoir. Après tout, autant boire un coup maintenant qu'elle était là ! Il y avait pas mal de monde, mais nombreuse table y était inoccupée et elle avait l'embarras du chois pour s'installer. Cependant, elle préférait taper la discute plutôt que de rester seul dans son coin, mais qui pouvait-elle bien embêter ? Le monsieur à la moustache ? Beurk, trop peu pour elle les barbus. Et cette dame là bas, qui se contentait de lire ? Non, toujours se méfier des femmes, elle se montraient souvent plus cruelles que les hommes, et beaucoup plus chiantes. Sans doute ce jeune homme, assis à part, dans un coin du café, après tout, il semblait avoir son âge.

Elle traversa donc la salle, pleine d'entrain, ne prêtant pas vraiment attention à ce qui se passait devant elle. Grave erreur. Elle percuta le pied d'une chaise. Enfin, aurait du percuter le pied de la chaise, mais il n'y eu aucun choc, aucune bruit, aucun contact. Elle s'était simplement contentée de traverser le bois, comme si elle n'avait été qu'un fantôme qui marchait parmi le commun des mortels. Elle regarda autour d'elle, lâcha un soupir de soulagement en voyant que personne n'avait remarquer cet incident et pris la chaise libre près du garçon. Sans le regarder, elle commanda un café bien chaud, et fit mine de l'ignorer, ne sachant pas vraiment comment entamer une conversation avec un tel garçon. Garçon au teint légèrement maladive, qui lui retira tout envie de le taquiner.

Son univers personnel était et serait toujours limité. Qu’y pouvait-il? Et même dans la tasse de chocolat, il ne pouvait contempler son regard, le liquide ne le reflétant pas, et ce, fort heureusement. Il devait avoir une sale tête. Peut-être que les autres auraient la même s’ils étaient dans sa peau, après tout. Oui, forcément. Et le fait qu’il ait décidé de boire un truc comme ça ne l’aida vraiment pas. Certes, il se sentait toujours mal, me direz-vous, que ça ne faisait guère la moindre petite différence, au fond, ce qu’il décidait de prendre. Il ignorait pourquoi ça n’arrivait qu’à… Il devait être dû pour mourir lamentablement, sans doute. C’était probablement ce que vouait son destin. Sinon quoi? Rien. Rien. Il n’y avait rien, devant lui. Si ce n’était cet avenir de mort, justement. Mort qu’il cherchait tant bien que mal à fuir. C’était pour ça. C’était pour ça qu’il serait en médecine. Pour se soigner lui-même, alors que personne d’autre ne le pouvait. Pare qu’il ne voulait pas finir ses jours maintenant et que dix-neuf ans était un belle âge pour commencer une vie. C’était ce qu’il souhaitait, même si le monde entier semblait liguer contre lui, à lui refuser ce droit de vouloir simplement vivre encore un peu, vieillir et mourir, non pas de maladie, mais d’une mort bien tranquille, dans son lit, durant son sommeille, à quatre-vingt-dix-huit ans! C’était sa révolte. Sa manière de dire non à tout le reste.

Avec tout ça, il ne remarqua pas la porte qui s’ouvrait, plus loin. Il ne perçu pas la son teintant de la clochette, annonçant l’entrée de quelqu’un. Il n’entendit même pas le rire si soudain, si hors du commun, trop perturber pour seulement tourner la tête. Et lorsqu’il la releva, justement, c’était pour faire de gros yeux encore plus perturbés. Alors là, s’il s’était attendu à ça… La chaise devant lui s’était tiré, du coup, il avait bougé. Une jeune fille, d’environ le même âge que lui, forcément, décida de s’asseoir, comme ça, et de l’ignorer comme si rien n’était. Soit elle ne l’avait littéralement pas vu, soit elle le faisait exprès, hein. Il choisit la deuxième option, et fit de même qu’elle.

Ignorer quelqu’un lui paraissait étrange. Surtout si cette même personne, justement, avait été tenté de faire discussion parce qu’elle déprimait à mort ou s’ennuyait, carrément, et qu’il était toujours bon d’avoir de la compagnie dans ces moment là, peu importe laquelle, qu’elle soit bonne au mauvaise, au fond, rien n’avait vraiment d’importance. Tant qu’elle serait là, il ne penserait à rien d’autre, se focalisant sur elle. Mais si la personne en fasse de lui l’ignorait, comment pouvait-il faire pour ne pas croire que c’était de sa faute? C’était logique que la pensée qu’il la répugnait lui traverse alors l’esprit. Et il détestait ça…

Sauf que… Et bien… Il en voulait pas laisser ça comme ainsi. C’était absolument risible, comme situation. Du coup, et bien…

« Mais… Mais qu’est-ce que tu fais? » lâcha-t-il, le plus naturellement du monde, sur ce ton si curieux, si aimable en même temps qu’il lui semblait impossible à détester. Mais il paraissait complètement stupide sur ce coup. Ce n’était pas le genre de question que l’on pose, voyons! Ce genre de question faisait fuir! Elle faisait ressentir à l’autre personne qu’elle n’était la bienvenue. Bien que ce n’était absolument pas ce qu’il avait cherché à faire en ce cas-ci. Loooin de là.

Il aurait bien rajouté autre chose, comme pour se faire pardonner ce manque de politesse à son égard. Bien que, en vérité, c’était elle qui était venu à lui et elle n’avait de toute évidence pas réalisé l’avoir blessé par son silence. Si? L’avait-elle fait exprès? Était-ce voulu? Il ne lui demanderait même pas, de peur de simplement connaitre la vérité. De peur qu’elle ne lui réponde que oui, il était flippant à regarder, qu’il avait l’air d’être sur le point de faire u arrêt cardiaque, ou il ne savait trop quoi, encore. Y’avait pas à dire, mine de rien, il avait l’imagination un peu trop fertile, sans doute.

Il tiqua, un peu nerveux, à sa place, son pied droit dansant un peu tout seul sous la table, rapidement. Ce qu’il pouvait se montrer crétin et bête, par moment! Décidément, il se détestait. Enfin… Parfois, il se détestait… Enfin… Souvent. Ho et puis zut.

Elle pianotait sur la table, attendant le café qu'elle avait demandé, ignorant royalement celui qui se tenait à côté d'elle, surement agacé par ce comportement incompréhensible. Mais elle l'avait toujours été, et ne changerai jamais. Nul ne pouvait prévoir ses réactions, et personne ne pouvait prétendre la connaître bien qu'elle restait fidèle à elle même. En temps normal, elle aurait déjà entamé une de ses nombreuses et interminables phrases à dormir debout. Elle pouvait d'ailleurs discuter avec quelqu'un sans que celui ci n'ait eu besoin d'intervenir. Mais, quelque chose lui soufflait qu'elle ne devait pas assomer ce garçon avec ses discours soporiphique et encore moins l'enquiquiner comme elle savait si bien le faire. Parce que d'une, il ne semblait pas au plus haut de sa forme et de deux, elle venait à peine d'arriver ici, autant agir comme une personne normale et faire connaissance plutôt que de révéler immédiatement son vrai côté. Et sa vraie nature... Nature qu'elle n'avait en aucun cas envit de dévoiler, même à ses plus proches amis, connaissant parfaitement la crainte et la haine que suscitait les mutants à certaines personnes, ce qui avait le don de l'énerver au plus haut point.

Le café arrivat, et tout en remerciant le serveur de lui avoir gentillement offert quelque chose qu'elle avait payé, elle jeta un regard en biais vers l'inconnu qui avait finalement brisé le silence oppréssant qui s'était installé lorsqu'elle avait décidé de s'assoir ici. Ce qui l'a fit sourire. Très bonne question, pas très polie serte, mais elle avait sentit dans le ton du garçon que ce n'était ni par méchanceté, ni pour formuler son envie qu'elle s'en aille. Il se montrait simplement curieux, comme n'importe qui l'aurait été en voyant une fille s'assoir et faire ensuite, comme si elle était seule. Elle plongea ses deux perles bleues dans l'émeraude des siens et porta la tasse à ses lèvres, laissant le breuvage couler dans son gosier. Elle avait envie de faire durer le suspence, juste pour voir ce qu'il allait faire, mais c'était sans compter sur l'affreuse douleur qui se répandait lentement dans sa gorge, brûlant chaque parcelle de son oeusophage. Elle grimaça, tira la langue et agita bêtement les mains devant son visage, comme pour essayer d'éteindre un incendie invisible qui flamboyait à l'intérieure d'elle, chose qui se révélait inutilement inutile ! Les larmes commençaient à lui monter aux yeux, puis, après un incroyable effort, elle stoppa ses mouvements stupides et remit sa langue ou elle devait se trouver.

<< Chest chaud leur truc, merde ! Che penchais pas que chétais auchi bouillant, cha m'apprendra ... >>

Au moins elle avait parlé ! Bon d'accord, ça ne répondait pas du tout à sa question et c'était encore moins une phrase qui allait beaucoup faire évoluer les choses, mais, c'était un début ! Il était d'ailleurs impossible qu'elle se taise plus de 5 minutes, sinon, elle pouvait parfaitement exploser comme une bombe et parler jusqu'a en donner la migraine à tout ceux qui avaient le malheur de se retrouver à moins de deux mètres d'elle. Et là, c'était le déclencheur, parce qu'une fois les premiers commençés, c'était un flot continue et intarissable qui se déversait hors de sa bouche et il arrivait parfois qu'elle parle tellement vite que cela ressemblait plus à un bourdonnement plutôt qu'a un quelconque discours ennuyant. Heureusement pour tout le monde, sa bouche était hors d'usage pour un certain moment et ils avaient donc éviter la fin du monde ! Enfin, façon de parler.

Elle regarda son café, puis le jeune homme, puis de nouveau le café pour retourner vers le garçon. Sa main se tendait vers la tasse, mais s'arrêtait en milieu de chemin et elle finit pas décréter ne pas vouloir prendre le risque de se bruler une deuxième fois et préféra donc reporter entièrement son attention vers l'inconnu. Inconnu qui semblait, soit nerveux, soit agacé à en juger par les mouvements frénétiques de son pieds qui avait subitement attrapé la bougeotte. Elle détailla d'abord ses cheveux bruns, ondulés, qui lui arrivait au niveau des joues, puis plongea dans le vert de ses yeux, d'une tristesse douloureuse qui la submergea aussitôt. C'était si intense, si voyant qu'elle comprenait pourquoi sa mère disait qu'en regardant à travers les yeux d'une personne, on pouvait voir son âme et lire en lui comme dans un livre ouvert. Elle se sentit presque honteuse de découvrir ce qu'il, apparemment, essayé tant bien que mal de cacher derrière ses paroles aimables. Maintenant, elle n'avait qu'une envie, le voir sourire, parce qu'il était inévitable que si l'ombre d'un sourire passait sur son visage, il en serait que plus encore mystérieux. Et ça, c'était un travail pour bibi !

<< Quand je suis rentrée, j'ai eu une soudaine envie de m'assoir ici. Il y a quelque chose en toi qui m'a attiré, je ne sais pas vraiment, mais tu sembles ... comment dire, différent. >>