Se méfier des apparences [Pv Assya]

La grande métropole qu’était New York méritait bien son surnom de la ville qui ne dort jamais. A toute heure, les rues étaient pleines de monde, des gens qui courraient de droite à gauche, toujours trop pressés et souvent en retard. Rien qui valait vraiment la peine qu'on s'y intéresse...Ce n'était que des simples bougres sans aucun intérêt qui se contentaient de leur misérable vie et de leur routine quotidienne...Ou du moins ça l'était dans l'esprit de St John Allerdyce.

Fuyant l'agitation des zones surpeuplées et peu désireux de se mêler à la foule, Pyro avait fini dans un quartier calme, à l’écart du tumulte et de la folie des new-yorkais. Le jeune mutant marchait seul, sans accorder la moindre d'attention aux gens qu'il croisait. Il errait sans but précis mais heureusement pour lui, il connaissait parfaitement les rues de New York et ne risquait pas de se perdre. Ces rues, il les avait parcourus de long en large et il en connaissait les moindres recoins…Surtout les plus glauques et les moins fréquentables. Évidemment, il les avait découverts après son départ de l’Institut…Les règles de l’école étaient trop strictes pour qu’il ait pu se permettre de se promener en solitaire…

Pour se promener en ville, il avait quand même troqué ses vêtements confortables et sombres contre des fringues de ville, plus passe-partout que ses tenues militaires …Un simple jean, une chemise et une veste en cuir. En somme, il était revenu à ses anciens goûts vestimentaires. Un choix qui avait tout de même un avantage: il pouvait se mouvoir sans trop se faire remarquer. Mais il n'avait pas renoncé à tout: son lance-flammes était toujours accroché à son poignet, l'appareil étant suffisamment discret pour pouvoir le dissimuler facilement sous sa manche. Son fidèle zippo l'accompagnait lui aussi, dans la poche de sa veste. Pyro n’était vraiment pas du genre sentimental, loin de là, mais il n'avait toujours pas réussi à se débarrasser de son petit compagnon de métal. C'était l'unique souvenir qu'il lui restait de sa vie antérieure et sans lui, curieusement...il se sentait...comme nu.

Il avait quitté la Confrérie sans en parler en personne…Pas qu’il soit censé le faire. Après tout, il était le chef maintenant, il n’avait pas à avertir les autres de ses allées et venues. De toute façon, il n’y avait pas grand monde en ce moment et rien qui n’exigeait sa présence immédiate. Pourtant, il était parfaitement conscient qu’il devrait bientôt se mettre au travail. Et plutôt deux fois qu’une. Avec la menace de l’antidote pas encore totalement écartée, le gouvernement qui faisait encore des siennes et surtout ces fichus X-Men qui continuait à leur mettre des bâtons dans les roues, il ne risquait pas d'avoir beaucoup de temps libre...

En attendant, il cherchait juste la tranquillité et il n’avait certainement pas envie de voir du monde, surtout pas ces stupides humains qui l’entouraient. S’il n’avait tenu qu’à lui, il en aurait bien cramé quelques uns, histoire de se venger. Mais une vague voix dans son cerveau, sans doute ce qu’on appelait la conscience, lui dictait de ne rien en faire. L’idée était pourtant vraiment…tentante mais évidemment pas très judicieuse. John sourit et son pouce caressa machinalement le creux de sa paume. C’était un geste banal mais qu’il répétait sans cesse…Plusieurs semaines sans se battre…Il commençait sérieusement à s’ennuyer. Il lui fallait de l’action.

Il ne s’en faisait pas. Tôt ou tard, la Confrérie finirait par reprendre le combat et aurait sa revanche. Et l’humanité n’aurait qu’à bien s’accrocher. Les mutants étaient le futur, Magnéto y croyait dur comme fer et Pyro lui-même en était persuadé. Ils avaient tout ce qu’il fallait pour réussir. Même privée de son meilleur leader, la Confrérie n’avait jamais été aussi puissante, et avec une personnalité aussi forte que Mystique à leur tête, ça ne pouvait que marcher. Et puis il y avait lui-même, ce n’était vraiment pas négligeable.

Un petit sourire cynique apparut sur son visage. Oui, il était un pilier de la Confrérie à présent. Un pilier des plus solides. Tout le contraire de ce qu’il était dans cette fichue école...Que de temps il avait perdu là-bas à ne rien faire. Rien que d'y penser, ça le mettait dans une rage folle...

Il pensait trop à l'Institut. Sa rancœur envers eux était encore forte et tenace, elle coulait dans ses veines comme un poison.

Il fallait vraiment qu'il se change les idées...

Alors qu’il arrivait à un carrefour, il entendit soudain des cris dans une ruelle adjacente. Il s’avança à hauteur de la rue et jeta un coup d’œil discret. Un groupe s’y trouvait, il ne distinguait pas encore bien les gens mais apparemment, il y avait de la bagarre dans l’air. Le jeune mutant n’avait pas envie de s'attarder à regarder une simple rixe entre humains mais bon...voir ces êtres inférieur se taper dessus, ça pouvait toujours être marrant…

Encore campé au coin de la rue, John suivait la bagarre avec attention, les bras croisés et une expression médusée sur le visage. Ce qu’il avait cru au tout début une simple bagarre entre deux gangs rivaux ou une rixe entre amis mal lunés, s’était révélé être une véritable agression contre une petite blonde. Et là dommage pour la fille, car à côté des mastodontes qui l’attaquaient, elle ne risquait pas vraiment de faire le poids. On avait beau dire que les mutants étaient des monstres…Les humaines n’étaient pas en reste. Une bande entière de grands gaillards face à une seule gamine, voilà qui semblait encore très équilibré comme combat, tiens…C’était ce genre de chose qui confortait John dans l’idée que les humains étaient vraiment de pauvres êtres pitoyables. Il le pensait déjà mais avec un tel spectacle sous les yeux, cela ne faisait que le conforter dans sa position. Magnéto avait raison…Ils étaient le futur…

En attendant, la gamine semblait un peu mal en point, sans trop de possibilité pour s’échapper. Les gars entouraient leur victime comme une meute de loups affamés…Le jeune mutant n’apercevait plus la jeune fille, trop petite par rapport à ses bourreaux. John aurait certes pu intervenir pour la sauver…Il pouvait balayer ses petits minables d’un simple geste de la main, il avait plus de puissance que nécessaire pour une telle tâche. Mais franchement, là, il n’avait pas du tout l’intention de lever ne serait-ce que le petit doigt. Quotidiennement les humains le pourchassaient, le méprisaient et le considéraient comme un monstre…Ces pauvres êtres souhaitaient sa mort alors…Pourquoi se serait-il bougé pour sauver l’un d’entre eux ?

En attendant, les gars étaient passés à l’attaque et tentaient de contrôler leur proie. La fille ne semblait pas vouloir se laisser faire et se débattait comme un diable…John n’aurait pas voulu se trouver à la place du type à qui elle venait d’asséner un fort coup de pied, ça avait dû être douloureux…Rapidement les caïds réagirent pour venger leur pote plié en deux et leur orgueil de type dur bafoué, et l’attrapèrent violemment, l’empêchant de faire le moindre geste.

Ca commençait à l’ennuyer, tout ça…Regarder une fille se faire démolir, ou peut-être pire, ce n’était pas non plus très attrayant. Et pour tout dire, c’était même très glauque et sordide. John détestait les humains et était lui-même capable des pires choses, mais pas au point de savourer un tel spectacle. Il détourna le regard et s’apprêta à passer son chemin. Personne ne semblait l’avoir remarqué et c’était tout aussi bien. Quand à lui, il n’avait rien vu, rien entendu, tout simplement.

Alors qu’il tournait déjà les talons, il entendit la fille proférer des menaces contres ses agresseurs…La situation s’envenimait sans doute...Soudain, il entendit des cris. Un bref coup d’œil lui apprit que quelque chose de bizarre se passait…Et quand il avisa ce dont il s’agissait, il stoppa, complètement freiné dans son élan et écarquilla les yeux. Les hommes tenaient toujours la fille mais celle-ci ne semblait pas en si mauvaise posture. Autour d’elle, des boules d’eau surgies de nulle part virevoltaient…John fronça les sourcils en réalisant ce qui ne pouvait qu’avoir une seule explication…La bande d’imbéciles s’était attaqué à une mutante. Fragile et démunie en apparence, mais avec assez de puissance pour les réduire à néant…

D’ailleurs, les gars avaient du penser la même chose car ils ne tardèrent à pas à s’enfuir, non sans avant proférer les habituelles menaces…Celles que John avait tellement entendues qu’il n’y prêtait même plus attention.

En tout cas, la riposte de la mutante avait été efficace. Elle se retrouvait libre à présent. Et à présent, elle se retournait vers lui. John garda une expression neutre sur le visage et la dévisagea. Pas vilaine, la gamine, il fallait l’avouer. De longs cheveux blonds, qui encadraient un visage fin au teint de porcelaine, un petit nez délicat et des lèvres roses…Pas étonnant que les types aient pensé qu’ils avaient là une proie facile, la gamine ne payait pas de mise.

Encore énervée par la bande de demeurés qui lui était tombé dessus la mutante se dirigea vers lui et lui cracha des menaces d’une voix remplie de haine, tout en le fusillant du regard. Loin de s’offusquer, il préféra en rire. Une expression cynique voila aussitôt son visage et il lui lança d’un ton moqueur :

« Eh calme-toi, petite. Pas la peine de sortir tes griffes…Moi je vais pas te faire de mal. »

Il marque une courte pause, ménageant son effet et reprit de plus belle.

« Dis donc, tu caches bien ton jeu, quand même. Pas mal pour une gosse…»

Il éclata de rire. La tentation de se moquer d’elle était trop forte. Ce n'était pas par pure méchanceté...Seulement envie de se défouler et de se divertir un peu.

« Eh bien si ça t'intéresse tellement de le savoir, ouais ça m’a plu, j’avoue. T’as de la chance qu’ils aient peur des mutants… Tu aurais fait quoi sinon, tu les aurais noyés ? »

Puis il fixa la jeune fille, ancrant son regard dans le sien. Les filles aimaient bien soutenir son regard se sentant toujours plus fortes, mais il ne perdait jamais à ce petit jeu. L’habitude de ne jamais baisser les yeux…Trop d’années dans la rue à devoir jouer au plus malin, il connaissait tous les secrets pour se faire respecter.

« Cela dit, j’avoue que t’as du cran. Utiliser tes pouvoirs dans la rue, devant une bande d'humains imbéciles, c'est au dessus de la capacité moyenne de pas mal de mutants...

John se marrait intérieurement et devait faire un sacré effort pour ne pas le montrer. Seuls indices de son hilarité, son air supérieur et son petit sourire en coin cynique qu’il aimait arborer et qui signifiait en clair « Cause toujours, tu m’intéresses… ». Il voyait la jeune femme s’énerver toute seule face aux propos qu’il lui sortait. C’était hilarant…Une jolie blonde dont l’orgueil de petite fille fière venait d’être sérieusement touché. Les filles étaient vraiment très prévisibles. Un cruel manque de second degré…Toujours prêtes à prendre la mouche et à prouver qu’au fond, elles n’étaient pas sans défense. C’était peut-être vrai, d’ailleurs mais pourquoi éprouvaient-elles toujours le besoin de s’échauffer dès qu’on leur disait la moindre parole de travers…

Bon, il était vrai qu'il n'avait pas fait dans la dentelle non plus. Chercher les autres, les tester…C’était un vilain défaut qu’il avait et qui faisait souvent tourner les autres en bourriques…Il disait ce qu’il pensait, sans détours, et il aimait se moquer. Beaucoup n’aimaient pas ça et le lui reprochaient avec ferveur mais il s’en moquait complètement. Mais il ne fallait pas se fier aux apparences…Les gens croyaient souvent qu’il n’avait à faire qu’à un petit malin qui parlait à tord et à travers…Il n’était pas arrivé à la tête de la Confrérie en étant gentil avec tout le monde. Pour entrer dans les rangs de leur organisation, la sympathie n'était pas de mise. il fallait du caractère, du sang-froid et de la répartie.

Et lui n’en manquait pas. Pour les nouvelles recrues, il s’en servait pour annoncer la couleur : c’était lui qui commandait, et pour ceux qui ne voulaient pas obéir, ça leur clouait vite le bec et ça les remettait vite à leur place. Il fallait qu’il gère ses troupes et ce n’était pas en leur lançant des mots doux qu’il arrivait à faire respecter l’ordre.

Devant lui, la fille continuait à lui débiter son petit discours. Elle parlait trop et lui n’écoutait pas tout…Tout ce qu’il captait, c’est qu’elle ne semblait ne pas porter les humains dans son cœur. Et elle avait des idées carrément arrêtées sur la question. John aimait cette façon de pensée, définitivement. Il hocha la tête….C’était un peu le genre de discours que maintenait Magnéto…Moins étoffé certes mais les grandes lignes y étaient. La supériorité des mutants, leur future place dans le monde, etc. On aurait pu jurer que cette fille sortait tout droit de la Confrérie mais il n’en était rien. John en était sûr, il avait activement participé au recrutement de membres pour le groupe…Et ce petit minois, il ne l’avait jamais vu.

Apparemment la jeune femme semblait avoir du tempérament. Elle le toisait d’un regard mauvais tout en lui crachant ses paroles remplies de haine. Très courageuse la gamine…ou très inconsciente…Avouer qu’on était mutant à un inconnu, sans savoir ce que lui-même était, c’était prendre de sacrés risques…Elle savait peut-être se battre mais au niveau discrétion et jugeote, ce n’était pas encore gagné. Même lui faisait très attention et tentait de se rendre le plus discret possible pour ne pas se faire pincer. Sinon il courait le risque de se retrouver direct en prison...Lui tenait trop à sa liberté.

La jeune mutante s’avançait vers à lui à présent…Elle avait totalement abandonné son air défiant…Pour un plus…aguicheur. Le mutant fronça les sourcils…C’était quoi ce changement radical d’attitude ? Qu’est-ce qu’elle voulait au juste ? Elle s’approchait en se dandinant et d’une voix trop douce pour être sincère, elle lui demanda son prénom.

Oh oh, mais la petite faisait de l’humour aussi…John ne put s’empêcher d’éclater de rire, conscient qu’il risquait parfaitement de s’attirer encore les foudres de la belle.

« C’est bien, tu as bien appris ta leçon, je vois…Les humains, c’est mauvais et les mutants, c’est bon. »

Il s’approcha…Bah, elle était bien mignonne, cette petite. Un peu trop poupée et un peu trop jeune à son goût mais après tout, si elle voulait jouer…Il s’avança à son tour et se retrouva très près d’elle. Il la dominait largement de toute sa hauteur. Ses lèvres s’étirèrent dans un large sourire, révélant ses dents blanches parfaitement alignées. Son sourire, c’était sa meilleure arme.

*Tu essayes de m’amadouer ma jolie ? Abandonne…Je suis plus coriace que toi. *

Est-ce que la fille pensait vraiment qu’il allait s’amuser à lui dévoiler sa véritable identité ? Oh non…C’était pas son genre. Pas envie de se dévoiler comme ça à la première venue sans savoir à qui il avait affaire. Il passa la question outre et lui adressa un regard faussement calme, teintée d’une ombre de méchanceté.

« Tu sais, tu devrais faire attention à qui tu t’adresses…Je pourrais ne pas être quelqu’un de bien…Comme ces types… »

Sur ce point, il ne mentait pas. Même s’il n’avait l’intention de faire du mal à la gosse, cela ne voulait pas dire qu’il comptait se comporter en gentil garçon. Après tout…Il n’était pas quelqu’un de très fréquentable, non ?…

La fille riait à présent, d’un ton désinvolte, et lui lançait des piques. Enfin elle essayait... Alors qu’il s’était rapproché, la gamine avait perdu un peu de sa superbe. Bon, c’était déjà ça. Au moins il remettait les choses à leur place. Non, sérieusement, elle pensait qu’il allait tomber dans le panneau? Franchement, il avait des défauts, mais il n’était pas le genre à se laisser avoir pour les beaux yeux d’une fille, encore moins quand il s’agissait d’une totale inconnue. Alors oui, la jeune femme était très jolie, séduisante même, mais ça s’arrêtait là. Il était bien trop arrogant et sûr de lui pour se laisser prendre au jeu...

« Non mais tu te prends pour qui la blonde...Pour une grande, c’est ça ? »

Ça c'était envoyé...Maintenant il s'agissait de passer aux choses sérieuses. Il fronça les sourcils, abandonnant son regard déstabilisant pour un plus sérieux et menaçant, et pointa son doigt sur la blonde.

« Tu sais, tu devrais pas tellement rire …Malgré ce que tu as l’air de penser, je reste tout de même plus dangereux que ces types…Enfin, j’te dis ça, j’te dis rien. Et qu’est-ce que tu crois au juste, que je tue les gens pour le plaisir ? Encore faudrait-il que tu aies de l’importance pour t’éliminer ici tout se suite sans raison valable… »

Apparemment, la fille n’avait pas toujours compris à quoi elle s’exposait. Elle insistait encore pour connaître son prénom. John n’y voyait pas vraiment l’intérêt mais bon...elle ne semblait pas vouloir lâcher le morceau. Légèrement exaspéré, il adopta un ton bien dur et froid :

« Quand à mon nom, je peux te le dire, si tu y tiens tellement, mais le savoir ne t’avancera pas beaucoup... Tu trouves ça plus intime peut-être…Moi perso, je n’en vois pas l’utilité, sauf si tu comptes m’amener prendre le thé après ? »

Chose qu’il n’allait certainement pas faire puisque il ne comptait pas rester dans le coin très longtemps. Enfin ça, c'était une tout autre histoire et il n'avait pas le temps ni l'envie d'en débattre...Devant lui, la fille agitA sa longue tignasse blonde et la remit en place. Il soupira...Etait-ce vraiment le moment de lui faire des effets de coiffure ?

« Et toi…Tu viens d’où ? »

John avait volontairement omis de lui demander son identité, un détail dont il se moquait totalement pour l’instant. Non, lui, ce qui l’intéressait de savoir, c'était d'où elle venait. Parce qu’avec ses boucles idéales, sa peau exempt de toute imperfection, sa tenue soignée et son petit air de fille sage, elle ne ressemblait à une personne de la rue…Et encore moins à une de ces filles…de joie, dirons-nous. Ce qui l’amenait à se demander ce qu’elle faisait par ici toute seule ? Ils n’étaient pas exactement dans le centre de New York et le quartier n’était pas des plus touristiques…Et même en admettant qu’elle sache se défendre, qu’est-ce qui lui avait pris de venir par ici ?

« Tu... »

Il n’eut pas le temps de finir la phrase ironique qu’il allait lui sortir. Au loin, une sirène retentit, l’interrompant net. Il fit aussitôt volte face.

« Que... ?? »

Quelques instants plus tard, sous ses yeux éberlués, une voiture de police s’engouffrait dans la rue, en tournant sur les chapeaux de roues. Le véhicule freina brusquement, faisant voler une nuée de gravillons dans tous les sens et se gara en travers de la chaussée. Quelques secondes après, une escouade de quatre policiers en sortait, chacun se postant derrière les portes ouvertes de la bagnole. Quatre? Non...Une seconde voiture ne tarda pas à faire son apparition et bientôt il ne furent pas moins de huit policiers qui les tenaient en joue.

Il leva les yeux. Au dessus d’eux, dans les maisons, des gens les regardaient depuis les fenêtres. Pas besoin d’être une lumière pour comprendre ce qui s’était passé. Les gens avaient vu la fille se servir de ces pouvoirs et ils avaient prévenus la police. Aussitôt un dilemme s'imposa à lui...D'un côté la forte tentation de s'enfuir... Les problèmes de la fille ne le concernaient pas. De l'autre...Quelque chose qui le collait littéralement sur place...De la compassion et de la pitié peut-être?

Il sentit la colère l’envahir...Les humains étaient vraiment des lâches qui n’hésitaient pas à dénoncer. Il ne doutait pas que la jeune fille pouvait se défendre mais là on ne parlait plus d’un petit groupe d’imbéciles qui s’amusaient à jouer les gros bras. Les forces de l’ordre étaient autrement entrainées. Ceux-là ne plaisantaient pas et nul doute qu’ils ne fuiraient pas si facilement.

Bon...Il lui faudrait intervenir. Bon sang, il se ramollissait...défendre une gosse, c’était pas du tout lui. Enfin...Ça ne lui faisait pas spécialement plaisir mais après tout, s’il pouvait cramer quelques flics, ça compenserait l’effort...

Sans accorder le moindre regard à la jeune femme, il lui lança d’une voix forte.

« Allez dégage, j’m’occupe d’eux !! »

Les huit policiers lui faisaient face, apparemment prêts à en découdre...L'un d'eux, sans doute le chef, lui cria de vagues menaces sans intérêt. Un large sourire sadique se dessina doucement sur son visage, tandis qu’il sentait déjà sa main le démanger.

« Comme on se retrouve...Vous êtes moins que la dernière fois...Grosse erreur... »


Pas de doute, l'heure était à la bagarre...


[HJ: Désolé...envie de faire bouger les choses un peu. ^^]

Décidément, John n’était pas au bout de ses surprises avec la gosse...Alors qu’il lui demandait d’où elle venait, la jeune femme n’hésita pas à répondre, ne portant visiblement pas d’attention au fait que cela pouvait être dangereux que cela se sache. Donner son identité, ses origines au premier inconnu dans la rue, c’était vraiment incensé...Enfin, ce n’était pas vraiment son souci....Non...Il avait vraiment bien fait de poser la question...Parce que la réponse n’était pas des moindres. Pyro marqua un léger temps d’arrêt et une vague expression de surprise se dessina sur son visage. Très brève mais visible, aussitôt remplacée par une expression amusée. Alors comme ça la fille faisait partie de ses anciens...collègues, appelons-le ainsi...Les X-men continuaient de recruter de nouveaux membres ? Rien de bien étonnant, au fond...Si on considérait le fait qu’ils n’étaient pas bien nombreux à la base...Et sans compter qu’eux aussi avaient subi de lourdes pertes pendant la période la plus intensive de la lutte contre l’antidote. Il leur fallait combler les pertes pour leur éviter de se retrouver à une poignée de super héros en costume ridicule et présenter une équipe digne de ce non. Parce que certes, ils avaient gagné à Alcatraz, mais c’était uniquement parce que la folle de Jean Grey avait complètement perdu les pédales...De toute façon, il avait dit à Magnéto qu’il ne fallait pas lui faire confiance, à celle-là...

Enfin bref, il s’égarait, il avait mieux à faire que de ressasser des souvenirs importuns...Aussitôt, il sortit de ses pensées pour se reconcentrer sur la fille, qui devait sûrement espérer une réponse de sa part...Eh bien, si vraiment elle, elle en voulait une, elle n’allait pas être déçue. L’absurdité de la situation le fit éclater de rire, d’un seul coup. De tous les mutants qui devaient peupler New York, il avait dû tomber sur l’une des rares qui fréquentait son ancienne école...Mais qu’est-ce qu’elle faisait dehors au juste ? Quand il y était, les règles étaient quand même on ne peut plus strictes et les élèves ne pouvaient pas faire un pas dehors sans avoir une nourrice attitrée collée à leurs basques, souvent l’autre bigleux de Cyclope, ou bien encore la pimbêche de Tornade...Un moyen sûr et efficace de les priver aussi sec d’un quelconque amusement. A moins que cette fille-là ait décidé de faire le mur...Ca de toute façon, ce n’était pas bien dur...Il l’avait fait lui-même un bon paquet de fois. A moins que les professeurs ne soient devenus plus de bien piètres mentors...On ne lui avait pas dit à la gamine que l’école des mutants n’était pas censée en être une aux yeux du monde, seulement un simple institut pour surdoués ? Elle avait eu de la chance de tomber sur lui, sinon c’est toute l’école qui aurait été en danger...

Quoi qu’il en soit, ce n’était pas son affaire. Après tout, entendre parler de son ancien foyer, ce n’était pas ça qui lui arrachait un sourire. Ce qui faisait plaisir à entendre en revanche, c’était la définition que la mutante faisait de l’Institut. Un peu comme celle qu’il aurait pu faire à une époque très précise de sa vie...

« T’as pas l’air de le porter dans ton cœur, cet endroit...Je vois. Qu’est-ce qu’il se passe, ils t’empêchent de faire du shopping peut-être ?

Décidemment, il n’arrivait jamais à enlever l’ironie de ses phrases et le sarcasme de sa voix. Mais de toute façon, peu lui importait. Il se moquait bien de la réaction de la fille, et de toute façon, celle-ci semblait avoir suffisamment de répartie pour supporter encore une autre de ses attaques. Il se prépara à lui envoyer une autre pique mais il n’eut pas le temps de continuer. L’arrivée des voitures de police lui enleva tout loisir de continuer cette charmante discussion et d’en apprendre un peu plus sur la blonde et ses opinions particulières sur l’Institut.

Il se prépara à les affronter, ses doigts caressant déjà son lance-flammes, prêt à l’actionner à la seconde même. L’adrénaline coulait à présent à flot dans son corps, se mélangeant avec la haine qu’il ressentait. Ses types étaient venus...A huit, pour un simple mutant. Et l’image des gens à leur balcon ne faisait qu’alimenter sa colère. Il résista pendant un instant à en cramer un...Non, la police était une menace bien plus forte à cet instant, les imbéciles pourraient attendre.

Dans son dos, il entendit soudain une remarque de la jeune fille...Qui, d’une certaine façon, s’inquiétait de le voir prendre les devants. Evidemment, sans savoir qu’il était lui-même un mutant, la fille devait le prendre pour un fou...De nouveau, sans lui accorder le moindre regard, il lâcha d’un ton sec.

« T’inquiète pas pour moi, je sais me défendre. »

Et sans plus attendre, joignant le geste à la parole, il frôla de son doigt son arme nichée dans le creux de sa main. Aussitôt, sous sa peau, les sensations familières et enivrantes lui revinrent aussitôt. Déjà il sentait le feu sous son contrôle et les discrètes flammes qui lui léchaient la paume de la main. Cela ne serait pas bien dur...Si la mutante pensait qu’il ne savait pas se battre, elle risquait d’être déçue...

Alors qu’il estimait déjà mentalement lequel de ces huit charlots allait déguster en premier, il entendit du bruit derrière lui. Des pas de course rapides, qui martelaient le bitume. Inquiet, il fronça les sourcils et sa bouche se tordit en une petite moue contrariée. Tout cela n’annonçait rien de bon...La voix et les paroles de la jeune fille confirmèrent ses craintes. Nul besoin de se retourner pour deviner ce qu’elle voulait dire. Il avait seulement une partie des forces d’intervention devant lui...Le reste les avait rejoint de l’autre côté, afin de les prendre en tenaille.

Quelques secondes après, un coup d’œil lui apprit que l’hydrokynésiste avait décidé de passer outre son conseil. Il haussa les épaules simplement et il lui lança d’une voix forte :

« Vas-y, pour moi, te gène pas, mais viens pas pleurer après. »

Puis sans attendre il passa à l’attaque, déversant toute sa colère jusque là contenue. Visant le centre des policiers, il tira avec précision. Aussitôt, la langue de feu jaillit de sa main, puissante et maitrisée, directement sur la première voiture. Les policiers, surpris par la rapidité soudaine avec laquelle avait jailli sa slave, eurent tout juste le temps de s’écarter pour éviter de se retrouver en plein milieu des vigoureuses flammes. Sous l’impact, la voiture s’envola aussitôt dans les airs pour retomber quelques mètres plus loin, totalement carbonisée. Sa deuxième attaque ne tarda pas à arriver, il n’avait pas de temps à perdre...Un autre jet puissant s’attaqua au second véhicule qui sauta d’un coup sous le choc et fut projeté violemment contre le mur d’un des immeubles, emportant dans son agonie une paire de fenêtres dans un bruit assourdissant. La façade explosa littéralement dans une pluie de morceaux de verre et de briques.

Sur la chaussée, les agents de police se trouvaient à présent allongés sur le sol, face contre terre, tentant de se protéger du mieux qu’ils pouvaient de la chaleur insupportable et du feu qui les entouraient. Il leva de nouveau la main vers eux et sans hausser le ton, il lâcha d’un ton sec.

« Pauvres imbéciles... »

Définitivement, ceux-là avaient eu leur compte. Ca n’avait pas été bien dur de leur faire manger la poussière. A peine deux bons tirs, bien précis, et il venait de mettre KO huit policiers. Nul doute que ces loustics réfléchiraient de nouveau à deux fois avant de continuer à lui chercher des noises. A présent, il était temps de voir ce que faisait la gamine de son côté. John ne doutait pas qu’elle puisse se défendre mais face à ces empotés, un peu d’aide n’était jamais de trop. Il fit volte face et se porta à hauteur de la blonde, prêt à en découdre encore contre les autorités menaçantes.

« Alors gamine, besoin d’un petit coup de main, peut-être ? »

La gamine se débrouillait plutôt pas mal pour une larbine du chauve à roulettes et ses sbires en combinaison lycra. Sérieux, quelle horreur de tenues, il se serait pendu avant de porter cela, s’il avait choisi de rester avec eux à jouer les gentils. Heureusement pour lui, pour sa santé mentale et son apparence, il avait rejoint la confrérie, où au moins, on ne perdait pas du temps à jouer les marioles en tentant de sauver une humanité décadente et condamnée à disparaître. Encore une fois Magnéto l’avait dit, les mutants étaient le futur, les humains étaient destinés à leur laisser la place, c’était aussi simple que cela.

Du coup c’était à se demander ce que la fille faisait encore dans cette école, étant donné comment elle l’avait défini avant et surtout avec la rage que voyait Pyro dans ses yeux. Apparemment, elle n’avait pas l’air d’apprécier cette tentative d’arrestation de la part de ses policiers minables...Elle ne voulait pas son aide. Certes. Si elle pensait y arriver seule, eh bien il n’allait pas se bouger. Après tout, il avait déjà eu son lot d’humains pour la journée.

Puis la jeune femme passa à l’attaque, laissant son corps se transformer en une simple flaque d’eau...Un pouvoir bien pratique pour se glisser derrière ses adversaires sans être vue. Elle démontrait d’ailleurs une aisance dans son pouvoir pour son âge que Pyro n’avait jamais vu chez personne. Même pas chez son ancien camarade Bobby, qui comme lui avait mis du temps pour apprivoiser son pouvoir. Enfin, tout cela importait peu. La Confrérie avait besoin de mutants puissants et s’il pouvait les ravir au passage à l’Institut, ce n’en était que plus jouissif. Celle-ci était jeune, elle avait encore plein de progrès à faire et aux yeux de Pyro, cela ne signifiait qu’une chose. Encore un confrériste potentiel aux pouvoirs terribles, comme pouvaient l’être Juggernaut ou Maddrox. Oui vraiment, comme Charity avant elle, la jeune fille avait le potentiel pour devenir une assassine en puissance. La façon dont elle faisait voler les hommes contre le mur démontrait qu’elle avait aussi peu de considération pour l’humanité que lui n’en avait.

Soudain il se passa une chose étrange. Alors qu’elle semblait s’occuper du dernier –c’était parfait, il n’avait rien à faire-, elle renonça et revint aussitôt à ses côtés, plantant ses yeux dans les siens, d’un regard décidé...Ou du moins qui se voulait décidé, accompagné d’une phrase qui semblait cacher un certain talent d’ironie. Il n’hésita pas une seconde, fronçant les sourcils.

« Tu rigoles, j’espère. »

Son ton était froid et coupant. Il n’aimait pas qu’on se moque de lui, surtout quand il s’agissait d’une gamine. Il y avait une seule chose qu’il demandait à ses hommes, c’était obéissance et respect. Seule Mystique échappait à cette règle et personne n’osait contester ses ordres, parce qu’aux dernières nouvelles, c’était lui le chef. Si la demoiselle était amenée à la suivre, si il parvenait à la convaincre, elle devrait changer d’attitude. Les règles de la Confrérie étaient moins strictes que celle de l’école de Xavier, mais ce n’était pas pour autant un parc pour les enfants où chacun faisait ce qu’il voulait. Il y avait une hiérarchie, un code à suivre...Et dommage pour la blonde, mais c’était lui au sommet de cette pyramide.

Et si elle choisissait de ne pas le suivre...Eh bien, elle n’aurait pas intérêt de lui mettre les bâtons dans les roues. Parce qu’aux dernières nouvelles, l’eau n’était pas un pouvoir qu’il craignait particulièrement. A moins que la gamine ait la force de son ancien pote, le glaçon, ce dont il doutait. Les mutants avec un tel potentiel étaient rares. D’ailleurs, à part Iceberg, qui comme une mule, refusait de se servir de ses pouvoirs, Jean Grey et l’autre à roulettes, il n’en avait rencontré aucun.

La blonde voulait jouer donc ? Il pouvait jouer aussi. Mais d’abord il avait un petit détail à régler, puisqu’elle ne voulait pas s’en charger. Il se contenta de lever la main, frôlant du pouce sa paume et aussitôt une brève flamme apparut dans sa main. Se retournant à demi vers le policier encore debout, il tourna les doigts dans sa direction. L’homme le regardait apeuré et incapable de faire un geste...Bah, ça ne lui faisait même pas envie, en finir avec un pleutre pareil. Adoptant un regard menaçant, il lui lança :

« Toi dégage, c’est une conversation privée...Et t’es de trop. Alors tu ferais mieux de fuir avant que je change d’avis. »

La perspective de finir comme ses collègues, soit cramé, soit noyé, fut plus forte que tout devoir de sécurité chez l’humain qui ne prit même pas le temps de réfléchir à sa proposition. Sans demander son reste, il détala, abandonnant au passage tous ses compagnons. Pyro haussa les épaules avec dédain et l’oubliant sur le champ, il fit taire le feu dans sa main et revint à la jeune mutante qui lui faisait toujours face et qui devait certainement attendre qu’il dise quelque chose.

« Ecoute je vais pas y aller par quatre chemins. Peu importe ce que tu crois, je suis plus fort que toi et je peux te vaincre facilement...Dommage pour toi si tu me crois pas. Alors ne t’avise plus de me parler sur ce ton. Et oui c’est comme ça. J’ai pas l’habitude d’être sympa avec les gens, même avec les jolies filles. »

Il marqua une brève pause.

« Cela dit, tu as dit des choses intéressantes toute à l’heure. Il se trouve que moi aussi j’ai été à l’Institut...Choquant, n’est-ce pas ? Enfin tout ça, c’est du passé. Concernant le chauve, tu dois savoir que son ennemi principal est Magnéto, non ? Ben tu vois, c’est moi qui le remplace maintenant à la tête de la Confrérie....La Confrérie qui pourrait t’accueillir si tu étais intéressée de nous rejoindre. Avantages ? Nous serions dans le même camp, tu pourrais lutter contre les humains et ta liberté serait bien plus importante qu’à l’école des petits X-Men. Que des bonnes choses, tu vois ? Par contre...si tu choisissais de rester avec eux... »

Il leva brièvement la main, faisant apparaître une brève rafale de feu dans sa paume. Les flammes montèrent un instant dans le ciel, crépitant avec force. Sous sa peau, il resentait la puissance qui s’en dégageait et nul doute, que de là où Assya se trouvait, elle devait en sentir la chaleur elle aussi.

« J’ai le regret de t’annoncer que nous serions ennemis... »