Une rencontre improbable [EL & JK]

Que la vie est ennuyeuse ! Cette pensée traversait l’esprit d’Elinor telle une fusée. La jeune femme se tenait devant son miroir, dans son minuscule appartement et jouait avec une de ses mèches blondes. Ses cheveux blonds qui étaient autrefois roux… Elle les avait teints en sortant de l’Institut. En sortant ? Quelle ironie ! D’employer le mot « sortant » alors qu’en réalité, elle avait fuit. Elle était partie deux mois plus tôt, après sa… sa… rupture avec John Allerdyce. Ce salaud ! Il avait rompu avec elle soit disant pour ne pas lui faire du mal. Pour son bien. Elle en éprouvait encore de la rage et la jeune Eli Lee qu’elle avait été à l’époque avait laissé place à la redoutable Elinor. Jeune fille de dix-huit ans s’entrainant tous les jours pour pouvoir… euh… comment ça s’appelle ? Le tuer ? Oui, elle voulait le tuer, lui arracher les tripes et lui tordre dans tous les sens.

La jeune femme attrapa le fer à lisser qui était posé à côté d’elle, et l’appliqua sur ses cheveux, mèche par mèche. Elle allait travailler tard ce soir. Souvent, elle repensait à ce qui c’était passé en elle quand il l’avait quitté. Elle l’avait assurément giflé puis elle était partie, sans laisser échapper une larme. Quelque chose s’était brisée en elle. Ses idéaux avaient volé en éclats et elle avait su que sa place n’était plus à l’Institut. Prenant donc son courage à deux mains, Elinor avait profité du calme total qui régnait dans l’Institut pour s’enfuir dans les profondeurs de la nuit. De toute manière, personne ne la retenait. Certes, elle avait eu un faible pour cet arrogant d’Héllion ; mais son intérêt grandissant pour la redoutable Laura Kinney, l’avait tout de suite refroidi. Ensuite, la jeune demoiselle avait porté un vif intérêt envers cet animal de Wolverine. James pouvait être craquant quand il voulait, mais quelque chose était repoussant chez lui. Sa froideur ? Non, ça c’était sexy ! Ses cheveux ? Peut-être… Puis elle l’avait rencontré, et elle avait sombré.

Sortant de ses pensées, Elinor enfila sa tenue de scène. Elle allait devoir se dépêcher car elle prenait son service dans à peine deux heures. Sa robe de soie était légère et son képi lui donnait un air sévère. Avant de le poser sur sa tête, elle releva ses cheveux en chignon lâche, laissant échapper de sublimes mèches ondulés. Les seules qu’elle n’avait pas voulu lisser. Après, elle attrapa son crayon noir et se fit des yeux charbonneux. Cela faisait fondre les clients. Ensuite, elle se regarda dans la glace et sourit. L’ancienne Eli aurait été choqué par ce comportement, mais Elinor s’en amusait. Après tout, cela n’était que de la danse.

Il y a maintenant un mois qu’Elinor travaillait en tant que strip-teaseuse. Elle avait été embauchée alors qu’elle dansait dans la rue pour se réchauffer. Alors la directrice avait été clair, on ne couche pas avec les clients. Dommage ! Elinor aurait bien pris du bon temps. Sans se presser, elle enfila ses nu-pieds avec un talon de douze centimètres et aiguille, bien entendu. C’était ses bijoux, on n’y touchait sous aucun prétexte et danser avec, était un réel plaisir. Enfin, elle rajusta son képi et sortit du F1.

L’air était frais dehors, et la jeune demoiselle réajusta son col de manteau. Son sac près d’elle, elle sortit une cigarette et l’alluma. Encore une chose que l’ancienne Eli n’aurait pas faite. Mais elle était jeune, et tout le monde devait bien mourir un jour. Le club de strip-tease n’était plus loin, et elle entendait presque la musique entrainante. Une file d’hommes se tenait devant et quand Elinor entra et salua le videur – du nom de Myles – elle se fit siffler par la moitié des hommes. Elle ne savait alors pas qu’une de ses connaissances se tenait à l’entrée…

Ignorant donc que quelqu’un l’avait vu entrer, elle se dirigea vers le vestiaire et donna son sac à une de ses collègues. Ensuite, mettant son badge en évidence, elle partit dans les coulisses se changer une dernière fois. Elle retira sa robe, remonta son bustier, et entra sur scène. Plusieurs danseuses dansaient déjà et Elinor attendit que la chanson se termine. Elle fit alors signe au DJ de mettre SA chanson, et « Sexy Bitch » retentit dans tout le bar. Elle prit donc la barre qui se tenait devant et effectua des petits mouvements du bassin.

Elle dansait depuis déjà de longues minutes quand soudain quelque chose retint son attention. Elle fit savoir aux autres qu’elle prenait sa pause et descendit boire un verre. Quelqu’un se tenait dans le bar, quelqu’un qu’elle connaissait…

New York City.

Julian ne se lassait jamais de parcourir les rues de cette ville extraordinaire. Fruit de la démesure humaine et de la folie du business, elle étalait toute sa gloire et sa splendeur au reste du monde avec un orgueil absolu. Les américains prétendaient que c'était le centre du monde et quand on avait déjà eu l'occasion de s'y promener au moins une fois on ne pouvait que difficilement les contredire. Tant de personne réunies sur une si petite surface, c'était presque effarant. En tout cas ça changeait complètement du Los Angeles que connaissait Julian. là bas la ville s'étalait interminablement sur des kilomètres et des kilomètres de cote. Impossible de s'y déplacer sans une voiture, à pieds ça paraîtrait presque suspect. Et en parlant de voiture justement, Julian venait d'avoir quelques petits soucis avec la sienne. Elle n'avait pas voulu redémarrer en fin d'après-midi lorsqu'il s'était apprêté à rentrer à Salem, à l'institut Charles Xavier. Ça l'avait bien énervé d'ailleurs et il avait failli se défouler les nerfs sur le rétroviseur. Pour éviter un nouveau drame il était parti se calmer dans Central Park, la verdure et la bonne humeur qui y régnait lui avait permis de réfléchir un peu et il avait alors souris en se disant que ce n'était peut-être pas une si mauvaise chose que cela mine de rien.

A vrai dire, c'était même exactement l'excuse qu'il lui fallait pour fournir à Emma Frost ce soir. Cette fois-ci il n'aurait pas besoin de faire le mur pour aller s'éclater dans une boîte de nuit à Salem. Non, il était carrément dans la capitale du monde et sans la surveillance étouffante des X Men. Mentir à la puissante mutante télépathe par téléphone était déjà beaucoup plus facile. Il allait donc pouvoir s'éclater toute la nuit. Quoi que, la dernière fois qu'il eu fait ça... Enfin, il ne s'en souvenait pas très bien mais disons qu'avec Satinka ils avaient un peu trop arrosés la soirée et qu'une boîte de nuit en centre ville avait dû malencontreusement fermer pour cause de réparation. Mais c'est ce qu'il avait - peut-être - fait après qui le dérangeait. En fait il n'arrivait pas à se rappeler avec certitude ce qu'il s'était exactement passé par la suite. C'était peut-être mieux ainsi, mais il ne pouvait s'empêcher de douter et de penser que ce soir là il avait fait la bêtise qu'il ne fallait pas. Il avait fini par chasser ces pensées de sa tête avant de s'occuper de sa voiture. Après un rapide tour dans un garage du coin il s'était en fait avéré que ce n'était pas grand chose, juste une pièce à remplacer. Mais ça, Emma Frost n'avait pas besoin de le savoir n'est-ce pas ? Il avait donc la nuit entière pour lui tout seul et il allait s'éclater comme pas permis. Peut-être même qu'il ne rentrerai qu'au petit matin, qui sait, juste le temps pour lui de dormir une heure ou deux avant d'aller en à l'entraînement s'il y en avait un. Il aurait du mal à cacher ses petits yeux rouges mais ça à la limite ce n'était pas grave. Tant qu'on ne lui posait pas de question tout irait bien.

Il se baladait donc dans les endroits branchés de la ville, à la recherche de LA boîte de nuit où il fallait être. Le prix d'entrée et des consommations devait être exorbitant mais Julian pouvait se le permettre en même temps. Il passait devant plusieurs clubs et autres endroits où vivaient les gens de la nuit quand son regard fut attiré par une enseigne carrément racoleuse. Il se rapprocha pour voir de quoi il 'agissait et il ne manqua pas de noter les promesses affriolante qu'offrait ce qui s'avérait être en fait une boîte de strip tease. Julian haussa un sourcil. Tiens donc, pourquoi pas ? Avec tous ces X Men nounous qui vous empêchaient de faire un pas devant l'autre dans le monde extérieur en prétextant qu'il n'était pas sûr pour de jeunes mutants 'sans défense' - chose que Julian détestait tout particulièrement entendre - il n'avait jamais eu l'occasion d'aller faire un tour à New York pour tester les boîtes et tripots en tout genre. Il semblerait que le Destin ne veuille lui accorder une faveur ce soir.

Il attendait au bout de la file où plusieurs autres personnes étaient déjà présentes. Deux femmes seulement étaient présente parmis toute cette foule de mâle excités. Ce n'est que lorsque qu'une pluie de sifflement vinrent accueillir le passage d'une jeune demoiselle que Julian regarda cette dernière passer. Ses talons hauts résonnaient sur les pavés de la rue et son manteau flottait au vent lorsqu'elle marchait. Il put apercevoir son visage un instant, ses yeux charbonneux, et il eut pendant un instant un blocage où il resta la bouche à moitié ouverte, bêtement. Quelqu'un d'autre aurait pu croire qu'il réagissait comme dans les cartoons de Tex Avery, où le loup se décrochait la mâchoire jusqu'au sol avec une langue qui déroulait une longueur infinie. Mais en fait non. Certes, elle était indéniablement magnifique, avec cette impression qu'elle donnait qui faisait penser qu'aucun homme ne pouvait être assez bien pour l'atteindre. Mais c'était surtout que Julian croyait venir de voir passer devant lui quelqu'un qu'il connaissait. Quelqu'un qu'il connaissait et n'avait plus revu depuis... Combien de temps maintenant ? Deux mois s'il se souvenait bien. Cette femme venait de troubler Hellion. Il aurait juré avoir reconnu Eli, une camarade de sa classe, et pourtant. Reprenant un peu de sa contenance après la surprise passée il entra quelques minutes plus tard avec en tête cette incertitude qui le martelait.

Ce n'est qu'après qu'il put en avoir la confirmation. Ayant pénétré dans ce sanctuaire dédié au corps parfait de la femme, quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsqu'il se rendit compte qu'une des danseuses était bien celle qu'il avait cru voire. Eli dansait au rythme de la musique, avec sensualité et délicatesse. En tout cas ce n'était pas pour déplaire à Julian, ça non. Accoudé au bar, en train de boire quelque chose, il la regardait depuis déjà un moment quand elle le remarqua. Hellion sourit et la vit descendre de son piédestal et il la perdit de vue lorsqu'elle plongea dans la foule. Il se retourna et commanda deux cocktails bien frappés au barman. Il le lui servit quelques instants plus tard, au moment où elle arrivait. Julian prit les deux boissons et se tourna vers Eli, lui en proposant une de la main gauche. Il tâchait de ne pas trop regarder la tenue dans laquelle elle était et qui forcément était pourtant faite pour. Le regard qu'il lui lançait était mi-surpris mi-content. Ça lui faisait plaisir de la voir là, même si jamais il ne se serait douter qu'elle travaillerait dans une boîte de strip tease !

_" Je suis scotché. Mais où est passée la Eli que je connaissait ? On parle bien de la même personne ?"

Il sourit sur la dernière phrase. Oui, quelle surprise ! La Eli qu'il connaissait était sage et toute gentille, à des années lumières de celle qui se tenait désormais devant lui.

Elinor essaya de se frayer un chemin parmi tous les pervers présents dans la boite quand soudain, un mec lui mit la main aux fesses. Exaspérée par un tel comportement, elle passa jurant qu’elle aurait sa revanche. Saloperie de pervers de mes deux ! Relevant son corset, elle se dirigea vers une personne accoudée au bar. Elle ne fut pas surprise de l’identité de cette dernière : Julian Keller. Elle avait toujours eu un faible pour ce séducteur ; mais avait rapidement laissé tomber. Il était là, au bar, souriant et apparemment très surpris de la voir ici. Doucement, Elinor laissa échapper un petit rire moqueur et alla à sa rencontre. A peine fut-elle arrivée que le jeune homme lui tendit un cocktail en lâchant qu’il était surpris de la trouver ici.

- Merci Julian et vois-tu les gens changent. La preuve est que je ne m’appelle plus Eli, mais Elinor ; que je bosses ici tous les soirs et enfin que je vis dans un appartement à Brooklyn.

Elle se mordit la lèvre inférieure, et planta son regard dans celui du jeune homme. Elle n’avait le droit qu’à une pause de dix minutes. Elle se rapprocha donc du jeune homme – pour faire style qu’elle fait son travail – et se mit sur la pointe des pieds. Elle arriva à atteindre son oreille et lui susurra doucement :

- Tu veux que je danse pour toi, Monsieur Keller ? Juste le temps de finir mon service… et après, je suis tout à toi.

Déterminée et ne laissant pas le temps à Héllion de répondre, elle lui prit la main, et le tira dans un salon privé. Là, elle tamisa les lumières et jeta le jeune homme sur le divan le plus proche. Maintenant qu’elle n’était plus une élève de l’Institut, elle pouvait faire tout ce qu’elle voulait. Elinor retira donc son képi et le lança à Julian, avant de détacher ses cheveux. Ensuite, elle se posa à califourchon sur lui, et mit ses deux mains sur le sublime visage de l’apprenti X-Men.

- Alors, tu veux que je fasse quoi, chuchota-t-elle de sa voix la plus sensuelle. Dis-toi qu’une fois sortie, la proposition partira avec toi.

Elle éclata de rires et caressa le visage de son interlocuteur. Soudain, un bruit retentit dans l’autre salle et Elinor courut vers l’extérieur pour voir ce qui se tramait. Forcément, elle s’en serait doutée. Deux types avaient encore voulu jouer les malins en tripotant les filles, et ils étaient en train de se battre. Courant vers sa loge pour attraper un peignoir, elle revint ensuite pour sauter dans le tas. Cela arrivait tous les jours en ce moment. Les mecs avaient le sang chaud. Heureusement le videur arriva et les fit dégager et Elinor put constater que les filles étaient en surnombre ce soir-là. Normal, nous étions samedi soir. D’habitude, elle ne bossait pas ce jour-là, mais là, elle s’ennuyait.

Mais ce soir là, cela allait être différent. Elle le savait. Voyant que le bar était redevenu calme, elle retourna auprès d’Héllion, et reprit sa place sur ses genoux. Elle portait toujours sa robe de chambre, et n’était pas décidée à l’enlever. Voulant rester tranquille, elle posa juste sa tête contre le torse de Julian, mais apparemment ses dons en avaient décidé autrement… Les carillons tintèrent dans sa tête, et elle resserra son étreinte autour de Julian, sans même s’en rendre compte. Ses yeux se voilèrent, et elle retint sa respiration d’un coup, laissant se dérouler l’avenir tel un vieux film mal doublé.

« J’étais assise dans mon appartement en train de trier la collection « Automne-Hiver » quand soudain, on sonna. Exaspérée par cette soudaine visite, je me levai et me décidai à aller ouvrir. Cependant, un passage à la salle de bains s’imposait. J’y arrivai en vitesse, mon appartement était assez petit. Mais quelle fut ma surprise quand je vis mon reflet. Mes cheveux étaient toujours blonds, mes yeux toujours marrons mais quelque chose avait changé dans mon regard et je ne sus dire quoi. La personne qui attendait derrière la porte insista et je courus ouvrir en criant que j’arrivai. Juste le temps de retrouver les clés. Ah ! Elle était sur le meuble à côté de son chat. En vitesse, elle ouvrit la porte et quelqu’un se jeta sur elle pour l’embrasser.

*C’est quoi ce délire ?*

Repoussant légèrement la personne, elle regarda de qui il s’agissait. Et son interlocuteur n’était autre que… »

- Héllion…

Elinor rouvrit les yeux et se dégagea en vitesse de sur les genoux de Julian pour aller se poser à côté de lui. Passant une main dans ses cheveux, elle prit son verre et le vida d’un trait. Ensuite, elle prit son courage à deux mains, et… Nan, elle allait le prendre mais bien plus tard. D’abord, elle devait sonder le garçon. Appuyant sa tête sur sa main droite, elle lui sourit. Mais cela n’était pas un sourire à la Eli. Non, c’est un pur Elinor. Un sourire aguicheur qui en disait tellement long et tellement peu aussi sur ses pensées, qu’elle attendait pour voir la réaction du jeune homme.

- Dis Julian, est-ce que je te plais ?

Cette question lui était venu naturellement et elle attendait la réponse avec impatience. La franchise, une autre qualité d’Elinor, mais qu’Eli possédait déjà. Avec impatience, elle demanda au serveur qui passait par là, deux pina colada. Quand, Julian choisit de répondre…

Julian accueillit les révélations d'Eli avec surprise. Elle qui avait été une élève X sage et assidue avait donc tout quitté du jour au lendemain sans prévenir personne pour changer de nom, vivre à Brooklyn et travailler dans une boîte de strip ? Il avait du mal à le croire et pourtant... Et pourtant là preuve était là. Il l'avait vu danser devant tout ces hommes, leur offrant le spectacle sensuel et aguicheur de son corps qui chante. Alors après ça le reste pouvait bien être vrai. Julian n'en revenait pas, tellement de personnes à l'institut la cherchaient et voulaient savoir ce qu'elle était devenue ! Et voilà que, par hasard, lui la trouvait en train de danser sur une barre d'un club de strip tease. Assurément il vaudrait peut-être mieux qu'il garde cela pour lui, il n'avait pas envie d'expliquer comment il avait atterri là. Mais il n'eut même pas le temps de réfléchir plus que ça que déjà elle lui susurrait à l'oreille des promesses pour lesquelles certains se seraient damnés. Ne lui laissant ni le temps d'acquiescer ou de refuser elle le prit par la main et l'entraîna dans ce qui lui sembla être une arrière salle privée. Julian découvrit alors une facette de la personnalité d'Eli qu'il ne connaissait pas. Elle le jeta sur le canapé, lui lançant son képi qu'il rattrapa au vol et il ne protesta pas lorsqu'elle monta à califourchon sur lui. Quel homme normalement constitué aurait résisté de toutes manières ? Même si ça le troublait vraiment de voir Eli agir ainsi il n'avait pas vraiment eu son mot à dire. Et de toutes manières la nouvelle Eli lui plaisait beaucoup comme ça. Il sourit malicieusement quand elle posa ses mains sur son visage, ces derniers temps il était verni avec les femmes on dirait. Les yeux d'Eli, soulignés par une trainée charbonneuse, étaient tellement captivants et envoûtants pour le jeune Julian qu'il avait du mal à y résister. Le sang dans ses veines bouillait et Eli s'amusait à rajouter de l'huile sur le feu comme pas permis.

Il allait entrer dans son jeu de séduction avec une de ces réponses typique d'Hellion quand quelque chose se fit entendre qui devait se rapprocher approximativement d'une table que l'on écrase sur le sol. Eli bondit de sur Julian qui fut trop lent à essayer de la rattraper. Sûrement des ivrognes pensait-il. Le mutant avait dû en remettre un à sa place l'autre jour quand il avait été en boîte avec Satinka. Ca au moins il se le rappellait, même s'il avait oublié que c'était avec un morceau de comptoir volant qu'il l'avait calmé. En même temps vu ce qu'il avait tenté de faire à la jeune femme ; Hellion ne permettait pas qu'on fasse du mal à ses amis. Il allait se lever pour rejoindre Eli, s'il lui arrivait quelque chose alors qu'il était vautré dans ce canapé il s'en serait voulu. Mais apparament elle s'en était débarassé vite fait bien fait et il n'eut pas à intervenir.

_" Ca va ? Tu n'as rien ? S'il t'a touché je lui casse la gueule tu sais."

Elle se réfugia sur ses genoux et il plaça ses bras autour d'elle comme pour la protéger de ce qui pouvait lui arriver. Elle ne semblait pas avoir pris de coups, tant mieux. Elle le serra plus fort sans même se rendre compte qu'elle était à la limite de lui planter ses ongles dans sa peau et il lui caressa les cheveux avec douceur.

_" Ca va aller t'inquiète pas."

Elle ne répondit pas, mais Julian la sentait comme crispée, tendue. Il s'inquiétait de la voir dans cet état là. Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver pour qu'elle quitte l'institut du jour au lendemain, sans même prévenir personne - y compris les X Men.

_" Tu sais, tu es partie comme ça du jour au lendemain sans prévenir, mais si tu as un soucis tu sais que peux compter sur moi. Même si on ne le dirait pas je m'inquiète de te voir comme ça... Eli ?"

Elle n'avait pas l'air de réagir et Julian fronça les sourcils. Elle semblait bizarre, elle ne bougeait pas, toute crispée.

_" Hellion...

Elle se dégagea précipitamment de lui et s'assit à ses cotés sur le divan, passant une main dans ses cheveux. Elle vida son verre d'un trait et Julian leva un sourcil de surprise. Elle avait un comportement un peu étrange quand même. Se reprenant, elle affichait désormais un sourire absoluemnt démoniaque. Le genre de celui que prend une femme quand elle s'apprêtait à croquer un homme. Elle vrilla ses yeux dans les siens, sa tête appuyée avec nonchalance sur sa main.

_" Dis Julian, est-ce que je te plais ?"

Le dit Julian fut comme bloqué par la franchise de la question. Il venait de lui confier qu'elle pouvait compter sur lui si elle avait un problème - peut-être celui qui l'avait poussé à quitter l'institut et elle elle lui balançait ça cash ! Sacrée nouvelle Eli ! Elle avait bien changée en deux mois dirait-on. Il ne sut que répondre, complètement déstabilisé par sa question. Est-ce qu'elle lui plaisait ? Il ne pouvait pas nier qu'il l'avait regardée plusieurs fois lorsqu'elle était encore à l'institut Xavier, et maintenant qu'il l'avait retrouvée oui, ça lui avait fait plaisir de la voir. Il se tourna complètement vers elle, il ne voulait pas lui mentir. Hellion resterait Hellion, même si son comportement le destabilisait.

_" Tu es une très belle femme Eli, oui. Je te mentirai en disant que je n'ai jamais posé les yeux sur toi. Mais je ne retrouve plus la Eli que je connaissais. Pourquoi est-ce que tu es partie sans prévenir personne ? Tu sais que tout le monde t'a cherché et te cherche encore ?"

Il avait tellement de questions à lui poser. Il se planta en face d'elle. Non, il n'était pas énervé, peut-être un peu brusque ça d'accord. Mais il ne pouvait pas croire qu'elle avait changé à ce point là en si peu de temps. Il la regarda droit dans les yeux pour qu'elle arrête ce petit jeu et lui réponde sincérement. Du moins l'éspérait-il.

_" Eli ! Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? Tu es dingue d'avoir tout quitté comme ça ! Tu n'as pas pensé qu'il y aurait pu y avoir des gens qui tenaient à toi et que tu as laissé tomber, que tu as presque trahi dans leur coeur ?! C'est quoi ton problème, je peux t'aider tu sais."

Il ne voulait pas la voir voir souffrir à cause de qui que ce soit. Si quelqu'un l'avait forcé à quitter l'institut il irait lui régler son compte, fut-ce Magnéto lui-même. Si c'était autre chose encore, il éxploserait le problème là aussi. Il était Hellion tout simplement. Il la prit contre lui dans ses bras, presque avec tendresse, comme pour la protéger, et lui dit plus doucement.

_" Tu peux me faire confiance..."

Elinor était contre lui, mais ne ressentait rien à part du désir pour le jeune homme. Il voulait tout savoir. Il voulait savoir pourquoi elle avait quitté l’Institut… Si seulement elle pouvait lui montrer au lieu d’avoir à tout décrire. Elle se dégagea de l’étreinte et planta sévèrement son regard dans celui du bel étalon. Il voulait savoir, et bien il allait être servi.

- Te faire confiance, murmura-t-elle pour elle-même avant d’éclater de rires.

Mais pour qui se prenait-il ? Pas une seule fois, il était venu lui adresser la parole quand il était à l’Institut. Il passait devant elle, avec sa troupe de nanas en train de baver. Enervée, la jeune mutante se leva et hurla au barman de lui apporté une bouteille. Elle allait en avoir besoin.

- Te faire confiance ? A qui le dis-tu Keller ! Tu ne connais rien de moi. Tu ne m’as jamais adressé la parole. Il y a deux mois je suis partie car tout le monde m’énervait… Je me suis faite larguée par mon copain qui était un confrériste. Ah mais tu dois le connaitre d’ailleurs ! Pyro ? Cela te dit quelque chose ? Et là, tu te dis la gentille et toute mignonne Eli a eu une aventure avec cet énergumène. Oui ! Oui, je l’ai aimé et il m’a jeté ! Je mentirai si je disais qu’avant de sortir avec lui, j’étais intéressée par toi. Mais ta présence ici me prouve bien que tu es un salaud comme les autres.

Elle marqua une pause et saisit la bouteille qu’on venait de lui apporter et en but une gorgée.

- Tu vois, la plupart des gens de l’Institut me fuyait comme la peste… tout ça pour quoi ? Parce que j’avais des visions. Là, je viens d’en avoir une et je vais te dire, c’était agréable. J’ai vu qu’une relation était possible entre nous et je me demande comment ! Parce que là, tu serais bien la dernière personne avec qui je voudrai sortir. Tu es arrogant, prétentieux et même si tu es canon, t’as rien dans le crâne ! Alors tiens Chéri ! Prends ça pour la route et barres-toi ! Ta vue m’insupporte.

Elle se pencha et l’embrassa avec fougue et hargne. Elle était en colère et fit ressentir à Héllion ce qui se passait en elle. Ensuite, elle se retira et attrapa son képi. C’était l’heure de son numéro. En proie à une crise de nerfs, elle courut se réfugier dans les coulisses, et balança tout ce qui se trouvait sur sa coiffeuse par terre. Le revoir l’avait complètement chamboulé, et elle ne devait rien laisser paraitre. En vitesse, elle enfila son minishort et son petit débardeur. Après, elle lissa complètement ses cheveux et les attacha, les relevant légèrement sur la tête. Enfin, elle changea de chaussures mettant ses bottes à talons. Elle était prête, prête pour le grand jeu. L’animateur l’appela et la foule siffla. Il était temps de monter en scène et ensuite, elle pourrait rentrer chez elle. Croisant les doigts, elle fit un pas et fut dans la lumière. Le DJ mit la musique et Elinor commença son numéro en jouant avec sa chaine et regardant les garçons avec un air de défi.

Le refrain de la chanson de Britney se fit entendre et Elinor descendit lentement son short attrapant la barre et se frottant de haut en bas contre. Elle sentit la fraicheur de cette dernière et leva sa jambe gauche à la verticale pour que cette dernière touche la barre. Ensuite, elle s’agrippa et se mit la tête à l’envers, faisant de temps à autre redescendre une de ses jambes. Le public applaudissait et pendant un instant, elle oublia tout et ne pensa qu’à son numéro. Il parut lui durer pendant une éternité. Se contrefichant de la présence d’Héllion, elle retira son maillot et le lança dans la foule. Après, elle détacha ses cheveux, qui volèrent dans tous les sens pour ensuite retomber en cascade dans son dos. Elle reprit ses mouvements du bassin, avant de s’arrêter devant un homme et de lui déposer un doux baiser sur les lèvres comme elle faisait tous les soirs. Quand elle releva la tête, elle vit qui était son interlocuteur. Sa réaction fut telle qu’elle laissa échapper un juron. Encore lui !

- Bordel, mais va-t-en ! Je ne veux plus te voir, lui hurla-t-elle avant de s’enfuir… encore.

La jeune mutante retourna à sa loge et claqua la porte. Se sentant alors en sécurité, elle s’effondra au sol, et resta à regarder le sol pendant de longues minutes. Puis les larmes qui n’avaient pas voulu sortir deux mois auparavant avaient maintenant raison d’elle. Elle avait essayé de fuir leur pitié et voilà que cette dernière la rattrapait à grand coup de pied dans le derrière. Eli était peut-être faible, mais Elinor était forte. Séchant ses larmes et déterminée, elle se leva et se replaça devant le miroir. Laissant ses yeux se voiler, elle allait invoquer une vision. Elle voulait voir ce qui allait se passer. Se mettant à trembler de toute part, elle entendit une de ses fioles se briser. Le futur était devant elle, et il était intéressant.

« J’étais couchée dans mon lit, ce qui était déjà une bonne chose. Au moins, je n’étais pas en train d’embrasser Julian. Pourquoi est-ce que même en vision, je pensais à lui. Sans demander mon reste, je me levai et courus à la salle de bain. Sauf que cette dernière était déjà occupée. Hein ? Occupée ! Je partis m’assoir dans la cuisine et vis un journal posé sur le dessus. Avide, je le pris et regardai la date. Elle était avancée d’un mois. Ça va, cela n’était pas trop long. Perdue dans mes pensées, je ne vis pas la personne sortir de la salle d’eau et se diriger vers moi. Deux mains se posèrent le long de mon cou, je frémis à ce contact et me tournai pour voir qui était là. Devant moi, se tenait l’homme de ma précédente vision… en serviette. »

- Non mais c’est pas vrai, hurla-t-elle reprenant peu à peu ses esprits.

Elle entendit un bruit, et se tourna pour voir qui se tenait dans sa loge. Voyant la personne qui se tenait là, Elinor laissa échapper un petit sourire pervers. Parfait, elle allait pouvoir commencer à jouer…

Apparemment, Julian venait de manquer de tact. Hm, oui, en fait c'était même quasiment sûr vu la manière dont Eli avait réagit. Il faudrait vraiment qu'il apprenne à gérer ce genre de choses parce que si c'était pour faire ça alors autant qu'il se taise non ? Complètement inconscient il avait provoqué tout le contraire de ce qu'il aurait souhaité. Une belle catastrophe. Julian n'était pas très doué pour ce genre de situation et il ne manquait pas de gaffer à chaque fois. L'éclat de rire qu'elle lui lança le dérangea vraiment. Il était plein d'amertume et d'ironie, du genre de ceux qu'on lance quand on regrette amèrement quelque chose mais pour laquelle il n'est plus possible que d'en rire.

Eli faisait preuve d'une violence qu'il ne lui avait jamais vu auparavant. Elle était pleine de haine et de ressentiment pour lui. Pourtant il était vrai qu'ils se connaissaient mal en dépit des quelques mois passés à l'institut alors qu'elle y était encore. Toute cette débauche d'énergie était dirigée avec fougue contre le jeune homme qui se sentait impuissant face à elle. Il n'avait pas d'arguments valable à lui opposer. Debout en face d'elle, il affronta la tempête sans broncher, fronçant les sourcils et affichant un air de stupeur sur le visage. Pyro, elle avait bien dit Pyro ?! Il ne pouvait qu'accuser le coup de la nouvelle. Il tenta bien de protester mais elle ne lui laissa pas le choix d'en placer une. Il se prit alors coup sur coup et apprit dans la foulée qu'elle avait eu un faible pour lui pendant son bref passage à l'institut Xavier. Eli s'était intéressé à lui ? Bon sang il n'avait jamais rien remarqué ! En même temps il avait dû passer son temps à tourner autour d'autres filles sans pour autant réussir quoi que ce soit voire même se prendre un râteau ou deux.

La dernière tirade lui fit alors comprendre pourquoi elle faisait preuve de tant de violence envers lui. Une relation entre eux était possible ? Julian fut à la fois troublé et touché en même temps. C'est vrai qu'il n'avait pas vraiment pris le temps de s'intéresser à elle plus que ça et d'approfondir leur relation. Ils étaient restés au stade de camarades sans qu'il ne se rende compte qu'il y avait quelque chose de plus derrière... Julian ne cachait pas qu'il l'avait plusieurs fois regardée, Eli était juste magnifique, mais jamais il n'aurait pensé que quelque chose aurait pu être possible entre eux deux. Il y avait toujours eu une certaine distance qui les séparait et c'était ça peut être qui l'avait fait se tourner vers d'autres qu'elles. Ce n'est que maintenant qu'il se rendit compte que sa colère était aussi due à cause de lui, parce qu'elle l'aimait et que lui n'avait rien vu. Elle l'insulta de tout les noms et il aurait voulu lui dire qu'il était désolé, même si ça n'aurait rien changé. Elle se jeta alors sur lui et l'embrassa avec fougue avant de s'enfuir à toute allure, ce qui acheva de le chambouler complètement en son fort intérieur. Il resta complètement désarmé par ce qu'elle venait de lui faire et, surtout, absolument troublé dans son cœur.

Ce dernier battant à toute allure, il tenta de reprendre sa contenance habituelle. Elle avait voulu lui faire comprendre et le déstabiliser, et bien c'était réussit ! Il ne savait plus quoi penser désormais. Il s'élança à sa poursuite à toute vitesse en criant son prénom, sortant du salon privé et traversant la foule là où il supposait qu'elle était partie. Il se heurta rapidement à la masse compacte et anonyme qui assistait aux spectacles qu'offraient ces charmantes demoiselles en petite tenue. Il ne parvint pas à la retrouver parmis tout ces gens et serra les poings de frustration.

*Bordel !*

Il la chercha partout où il pouvait aller mais ne put entrer dans la partie réservée au personnel. Il manqua faire dégager ces gorilles d'une vague télékinésique bien placée et e retint au dernier moment, s'éloignant d'eux. Il fallait qu'il la retrouve, ça ne pouvait pas se terminer comme ça !

Il la retrouva en train de danser à la barre et de faire son numéro de strip tease mais il n'y prêta absolument pas attention, résistant à l'envie de monter pour aller lui parler tout de suite. Elle arborait un air de défi qu'elle lançait à tout va dans la foule, mais Julian savait que sous ce regard sévère se cachait en réalité une grande souffrance. Si pyro l'avait jetée et qu'elle s'était confronté à son machisme alors qu'elle éprouvait quelque chose pour lui, forcément qu'elle avait des raisons de se mettre dans tout ses états ! Son numéro était presque finit et Hellion attendait avec une impatience bouillonante le bon moment pour la voir en privé. Manque de chance - ou pas, ça dépend de quel point de vue on se place - elle tomba sur lui lorsqu'elle en chosisit un. Elle n'avait pas dû voir son visage sous les projecteurs.

Elle s'enfuit encore vers sa loge et Hellion put à peine la suivre parmis la foule réunie. Parvenu devant les deux gorilles qui empêchaient l'accès à ceux qui n'étaient pas du personnel, il eut une brève pensée pour eux et il ne purent rien faire pour l'arrêter, paralysés sur place. Il venait de voir Eli rentrer dans une loge alors que des filles se retournaient sur son passage, inquiètes.

Sans prévenir ni quoi que ce soit il pénétra dans la loge - en éspérant que ça soit la bonne - et il put voir Eli qui se retourna pour lui faire face. Son maquillage avait coulé, elle avait pleuré. Il s'arrêta enfin devant elle, le sourire qu'elle lui faisait ne présageait rien de bon et Hellion bloqua la porte avec son pouvoir quand les gorilles éssayèrent de la forcer. Ses yeux étaient verts. Il marcha vers Eli et la prit par les épaules, la tenant fermement pour l'empêcher de fuir à nouveau, il était tout près de son visage maintenant. Il avait lui aussi son mot à dire et tandis qu'il parlait il la repoussait contre le mur où elle ne pourrait pas tenter de partir. Il lui hurlait de plus en plus fort, une veine saillant sur son front. Il était en colère.

_" Tu peux m'insulter autant que tu veux je m'en tappe Eli ! Frappe moi si ça peut te soulager mais arrête tes conneries ok ?! Regarde, regarde ! T'es obligée de vendre ton corps en pâture à des pervers détraqués qui violeraient la première venue dans la rue ! Tu crois franchement que c'est une vie ça ?! Tu peux pas continuellement fuir ! Tu va faire quoi après hein, hein ?! Fout pas ta vie en l'air pour des conneries bordel de merde ! Te laisse pas déprimer et sombrer pour ce con ! "

Il n'arrivait pa à se calmer, complètement en transe après ce qu'il venait de lui dire. Il cogna son poing de frustration contre le mur derrière elle de toutes ses forces, faisant un trou dans le plâtre. Il ne pouvait pas la voir dans cet état, ça le mettait hors de lui ! Il avait envie de tout foutre en l'air, il avait envie d'aller chercher Pyro et de lui régler son compte, de lui exploser son crâne de petit prétentieux à la con et surtout, surtout, il avait une irrésistible envie de l'embrasser à nouveau, de ressentir cette folle ivresse de tout à l'heure qu'elle lui avait transmise et qui l'avait touché. Il prit son visage entre ses mains en se penchant vers elle et lui rendit son baiser, avec fougue et tendresse, contrepoids à la hargne qu'elle avait mis tout à l'heure. Sa colère se dissipait, son coeur battait, elle était belle et ses lèvres fuitées. Il la regarda dans les yeux avec sincérité. il était complètement chamboulé. Lorsqu'il leva à nouveau les yeux vers lui elle pouvait voir qu'il était troublé.

_" Moi je ne suis pas comme lui Eli, crois moi."

Au même moment les gorilles défoncèrent la porte sur laquelle Julian avait relâché son emprise sous le coup de l'émotion. Tant pis s'il se faisait fracasser la tête, il ne voulait pas qu'elle s'en aille. Il put juste lui dire quelques mots avant de se faire plaquer au sol, maîtrisé et violenté au sang :

_" T'en vas pas Eli, c'est tout. Reviens parmis nous. Reviens avec moi."

Julian la colla contre le mur et Elinor sentit un sentiment d’ivresse l’envahir. Il était en colère et cela le rendait terriblement sexy. Elle était en train de changer d’avis sur le jeune homme. Peut-être était-il un bon parti et pas un salaud prétentieux ?

_" Tu peux m'insulter autant que tu veux je m'en tape Eli ! Frappe moi si ça peut te soulager mais arrête tes conneries ok ?! Regarde, regarde ! T'es obligée de vendre ton corps en pâture à des pervers détraqués qui violeraient la première venue dans la rue ! Tu crois franchement que c'est une vie ça ?! Tu peux pas continuellement fuir ! Tu va faire quoi après hein, hein ?! Ne fout pas ta vie en l'air pour des conneries bordel de merde ! Te laisse pas déprimer et sombrer pour ce con ! "

- Julian, je…

Elle voulut lui parler. Elle caressa son visage avec un air doux digne d’Eli. Voilà qu’elle reprenait le dessus celle-là. Quand Héllion tapa dans le mur, Eli poussa un petit cri, et eut un petit peu peur qu’il la frappe aussi. Les hommes violents, elle connaissait. Mais bizarrement, la jeune mutante lui faisait confiance. Elle resserra son étreinte autour de ses épaules, et l’attira contre elle. Une seule caresse et elle frémissait de désir, un seul baiser et elle en quémandait encore plus.

*Quel pouvoir exerces-tu sur moi, Julian Keller*

Il lui dit qu’il n’était pas comme John et Eli le crut. Elle aurait voulu le prendre dans ses bras, mais les videurs arrivèrent en même temps. Avec violence, ils le plaquèrent au sol et Elinor sut qu’elle devait intervenir. Héllion se battait bien, mais il ne faisait pas le poids. Alors la jeune fille leva la main droite en l’air et agita deux de ses doigts. Aussitôt, les videurs s’immobilisèrent. Elle les avait figé. Prenant sa robe et ses chaussures d’une main, elle releva Héllion et le soutint sur son épaule. Affolée, elle le déposa dans la cage d’escalier qui menait en haut. Ensuite, elle enfila sa robe, ses chaussures et partit chercher des compresses.

- Je sais que tu n’es pas comme lui, Julian ; lui clama-t-elle en revenant auprès de lui. J’a fui car je ne voulais pas affronter mes sentiments. J’étais faible et immature. En deux mois, j’ai plus appris dehors qu’avec cette bande de clowns. Tu me demandes de te rejoindre… mais… mais je ne suis pas prête. Pas encore.

Elle reprit le visage du jeune homme à deux mains et appuyai sur ses blessures. Elles n’étaient pas profondes mais, elles le défiguraient un petit peu. Après avoir nettoyé les blessures, elle mit un pansement sur l’immense coupure qu’il avait sur la joue, et déposa un chaste baiser dessus.

- Bisou magique, susurra-t-elle

Ensuite, Eilinor le prit par la main et l’entraina en riant dans les escaliers. Elle voulait aller sur le toit. Elle voulait voir la vue de la ville… New-York était sublime une fois la nuit tombée. Mais alors qu’ils étaient sur le point d’atteindre le dernier étage quand des filles sortirent en vitesse pour aller fumer. Plus rapide que l’éclair, Elinor plaqua Julian contre le mur et se rapprocha un maximum de lui. Elle pouvait presque sentir le cœur du jeune Héllion. Se mettant sur la pointe des pieds, elle déposa un long baiser sur les lèvres du jeune homme. Ensuite, elle se retira et poursuivit sa course.

Quand ils arrivèrent dehors, une brise légère vint fouetter les cheveux de la jeune fille qui s’envolèrent. La ville resplendissait. On se croyait à Las Vegas. New York, la ville qui ne dort jamais. Elinor pensait qu’elle aurait du quitter New York ; mais si elle était partie, elle ne l’aurait pas connu. Les larmes lui vinrent aux yeux, et elle se tourna pour voir son… Qu’était-il pour elle ? Son petit ami ?

- Julian, on est quoi maintenant ? Amants, amis ou en couple ?

Se mettant de nouveau face à la ville, elle se cacha derrière ses cheveux. Elle avait peur de la réponse. Prise de folie, elle s’avança à l’extrémité de l’immeuble et regarda en bas. Si Elinor voulait faire le saut de l’ange, si jamais il la rejetait, elle le ferait…

Julian avait été tiré en arrière et venait de se prendre un coup phénoménale sur la tempe alors qu'il était déjà plié en deux, le souffle coupé par une précédente attaque à l'estomac. Il avait voulu résister de toutes ses forces mais des mains solides l'avaient tiré en arrière et éloigné d'Eli. Il n'avait pas eu le temps de se redresser ou de réagir qu'il voyait déjà des étoiles danser devant ses yeux. Il ne comprenait plus rien à ce qui lui arrivait, seule la douleur était présente dans son esprit. Surtout à sa mâchoire et dans son crâne. Le con, il venait de se faire avoir par de vulgaires humains ! Il détestait cette situation de faiblesse, où il se retrouvait impuissant malgré son pouvoir. Il n'arrivait pas à se concentrer pour déployer son énergie mentale. Il aurait voulu appeler Eli pour lui dire de s'éloigner, lui dire qu'il allait tous les mettre au tapis et qu'elle n'aurait rien à craindre mais il n'y arriva pas. Il ne sentait plus rien en fait, même plus les coups ni le poids écrasant des videurs de la boîte de strip tease. Juste cette douleur lancinante et provocatrice qui le lançait dans tout son corps comme un tison ardent. Il fut tiré vers la sortie et il commençait à peine à reprendre ses esprits quand il se rendit compte que c'était Eli qui le portait presque jusque dans cette cage d'escalier.

_" Je sais que tu n’es pas comme lui, Julian. J’ai fui car je ne voulais pas affronter mes sentiments. J’étais faible et immature. En deux mois, j’ai plus appris dehors qu’avec cette bande de clowns. Tu me demandes de te rejoindre… Mais… Mais je ne suis pas prête. Pas encore."

Il ouvrit la bouche pour protester mais il serra les dents sans rien dire quand elle lui nettoya ce qui était apparemment une coupure sur la joue. Il voyait un peu de sang et ça lui brûlait le visage. Mais il n'en montra rien. Hellion n'allait pas broncher pour un truc comme ça. Non, Hellion n'avait pas mal. Il se laissa faire, encore un peu sous le choc du coup à la tête et de la colère qu'il avait déversé sur Eli. Un court moment de répit pour reprendre son souffle, un pansement et un baiser. Si avec ça il n'allait pas mieux... Il se frotta tout contre elle, silencieux, réfléchissant à ce qu'elle venait de lui dire. Mais elle ne lui laissa pas le temps d'approfondir sa réflexion.

Elle le prit par la main et l'emporta en riant dans les escaliers, montant haut, toujours plus haut. Il fut transporté de l'entendre rire - un vrai rire, sincère, et non pas ironique ou amer - et il sentit son cœur s'emballer. C'était comme si elle inondait son cœur de chaleur avec son sourire éclatant, contrepoint inattendu après toute la haine jetée quelques minutes auparavant. Des gens sortirent d'une pièce dans le couloir et Julian ne craint que ce ne soit lui qu'on cherche. Mais Eli, fut plus rapide que lui et le plaqua contre le mur le temps qu'ils passent. Ils étaient collés l'un à l'autre, et le jeune homme posa son front contre celui de la jeune mutante. Ses yeux étaient envoûtés par les siens et ils échangèrent un long baiser. Julian lui prit le menton et caressa ses cheveux dans sa nuque. Il se défit de son emprise et la retourna doucement contre le mur, encore plus près d'elle, pour l'embrasser dans le cou. Il était complètement transporté et une ivresse folle lui traversait les sens. Son coeur battait d'un élan nouveau, il ne savait pas ce qu'il lui arrivait mais il aurait voulu qu'elle stoppe le temps pour qu'ils ne soient plus que tous les deux, seuls dans un monde figés.

_" Eli... "

Il avait chuchoté son prénom d'une voix douce et tremblante, il s'abîmait dans la contemplation de ses yeux et dans cet abandon à ce sentiment nouveau et inconnu qui l'habitait. Mais elle s'échappa et continua sa course jusque ce qui se trouvait être le toit de la boîte de strip tease. Julian sentit sa poitrine se soulever encore plus vite, il avait besoin de sa présence près de lui, il avait besoin de sentir sa chaleur rassurante. D'un coup il se sentit froid et démuni quand il la vit s'éloigner. Il s'élança à sa suite juste derrière elle sur le toit où elle l'attendait.

_" Julian, on est quoi maintenant ? Amants, amis ou en couple ?"

Des larmes perlaient à ses yeux et Julian fut touché en plein coeur, comme si les propres émotions d'Eli se faisaient ressentir sur lui même. Son visage affichait une expression qu'il ne se connaissait pas, émue, presque tourmentée. La violence de ces sentiment qu'il n'avait jamais auparavant expérimenté le laissait désarmé. D'habitude il n'avait qu'à être Hellion, le leader de la squad du même nom. Il ne devait pas avoir peur ni montrer quelconque faiblesse ou sentiment s'en rapprochant. Il devait se contenter d'être fort et infaillible. Mais là le jeune homme agaçant qu'il était en temps normal ne savait pas comment réagir. Il avait tellement envie de lui dire qu'il voulait qu'elle reste, qu'il voulait être avec elle, mais il n'y arrivait pas. Jamais il n'avait ressenti quelque chose de ce genre et, même si l'ivresse de ce soudain coup de foudre l'avait transporté, il ne savait pas, à chaque pas qu'il faisait, où était le chemin devant lui. Et ça lui faisait peur peut-être, peur de ne plus être Hellion le vaillant mais Julian l'amoureux. De lui révéler cette facette de sa personnalité qu'il n'avait jamais montré à personne. De se montrer vulnérable.

Dans la fraîcheur de la nuit, elle s'était retournée vers les milles et une lumières de la ville de New York, qui brillaient dans le noir comme autant de minuscules lucioles d'espoir et de feux follets vacillants. Fuyait-elle son regard ? Le vent soufflait légèrement à cette hauteur, frais. Elle se tint tout au bord du rebord du toit et Julian ne pût empêcher la montée d'adrénaline en lui. Il se savait capable de la rattraper avant qu'elle ne tombe mais même ainsi la voir se mettre en danger de la sorte l'effarouchait. Eli avait fait preuve de témérité et d'inconscience ces derniers mois, Pyro, la fuite de l'institut, ce changement de nom et ce tripot mal famé... Julian avait l'impression qu'elle était en train de sombrer de plus en plus vers un néant sombre et inquiétant, sans plus aucune lumière à laquelle se fier pour la guider. Il la voyait là, semblant presque prête à sauter dans le vide, sans se soucier de ceux qui resteraient à essayer de combler son absence. Elle se disait reliée à personne mais elle ne se rendait peut-être pas compte qu'il y avait quelqu'un qui, là, en ce moment même, ne pouvait tolérer la simple idée de vivre dans un monde ou Eli Lee ne serait plus. Julian s'avança silencieusement à ses côtés, jusqu'à se retrouver, lui aussi, sur le rebord du parapet. Il se tourna vers Eli et lui prit le menton avec tendresse, relevant sa tête pour qu'elle cesse de regarder en bas, où seule la mort l'attendait, et tourne les yeux vers les siens, rassurants. Elle pouvait voir sur son visage l'intensité des émotions qui le perturbaient et à quel point il tenait à elle. C'était tellement étrange de penser ça alors qu'il s'étaient si peu connu. Comme s'ils avaient eu besoin d'un coup de pouce du destin pour se découvrir plus avant. Il passa sa main derrière la nuque de la jeune mutante et la regarda un instant. Il ne lui laissa pas l'occasion d'en placer une et, la serrant contre lui en un geste protecteur il lui murmura à l'oreille avec fébrilité, essuyant les perles naissantes au coin de ses yeux dans une intimité qui n'appartenait qu'à eux.

_" Eli... Je ne sais pas. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais tu me perturbe tellement... J'ai l'impression de te redécouvrir. Toi, ta présence, ta voix, ta chaleur apaisante... Tout ça à la fois, c'est tellement grisant. Je veux rester avec toi, tu comprends. Je veux être avec toi. Eli je crois que.. Que je...

Il la regarda à nouveau, avec une intensité foudroyante, comme si ses yeux pouvaient lui montrer l'ampleur de ses sentiments. Ils semblaient luire intérieurement d'une faible flamme verte, d'une lueur ardente et sauvage. Et d'ailleurs, c'était le cas. Les mots suspendus à ses lèvres, un faible halo vert entourant leur forme enlacée - presque imperceptible - il lui sembla que jamais il n'allait pouvoir lui dire ce qu'il avait au bord du cœur, que ça allait le transpercer de se montrer, lui, le macho de service, sensible et vulnérable. Enfin, dans un souffle susurré, ils se firent entendre.

_" ... Je t'aime."

Dans un élan soudain il l'embrassa, l'enlaçant par la taille et par la nuque, avec fougue et sensualité, avec passion et tendresse. Il s'élevaient doucement dans les airs, deux corps réfugiés chacun dans la chaleur de l'autre, portés par la vague de sentiments qui habitaient le cœur du jeune homme, dans une débauche d'énergie verte et incontrôlée. Il se sentait sans défenses devant elle, devant son regard désarmant et magnifique, comme un animal qu'elle aurait réussi à apprivoiser bien malgré lui. Elle pouvait ne pas se sentir prête pour revenir, soit. Elle pouvait même décider de ne plus jamais vouloir revenir. Mais il ne lui demandait qu'une seule chose. C'était qu'elle ne le laisse pas seul, aveugle dans le noir, sans la douce lumière sereine qu'elle venait de lui amener. Ça le ferait trop souffrir, et elle aussi.

_" ... Je t'aime."

Quand Julian prononça ses mots. Un sentiment nouveau envahit Elinor. Elle l’aimait, elle en avait la certitude… Mais elle s’était jurée de ne plus se faire avoir par les garçons. Quand John l’avait quitté, elle s’était sentie démunie, sans âme et laisser en pâture aux fauves. Bien sûr, elle était restée dans sa chambre pendant de longues heures, ne pleurant pas, regardant juste le plafond à chercher ce qu’elle allait faire. Ensuite, elle était partie. La mutante avait préféré fuir le regard des autres, emportant avec elle le peu de dignité qui lui restait. Mais son passé avait fini par la rattraper… Comme toujours… Et il avait un goût délicieux.

- Je t’aime aussi, Julian…

Quand elle laissa échapper ses mots et qu’il l’embrassa, elle se sentit défaillir. Elinor se laissa porter par ce tourbillon d’amour qui l’entourait. Puis elle se retira de son étreinte pour le regarder, elle sentait ses yeux accusateurs sur elle. Un tas de questions l’envahissait. Allait-elle retourner à l’Institut, laissant tomber sa colocataire Emilie ou resterait-elle en dehors de tout ça. Peut-être que si elle avait un entretien avec Tornade… Elle s’imaginait déjà demandant à la jeune femme si elle pouvait garder son appartement, elle se mit à rires.
Soudain une idée l’assaillit. Elle avait entendu dire que les jeunes élèves partaient en camping. Pourquoi ne viendrait-elle pas s’y perdre malencontreusement ? Elinor fit son sourire du genre « J’ai une idée derrière la tête » à Héllion. Ensuite, elle lui laissa un doux baiser sur les lèvres avant de prendre de nouveau la parole.

- Ecoutes, j’ai entendu dire que vous alliez partir en camping. Que dirais-tu si quelqu’un t’attendait dans la tente, et que cela n’était pas un de tes camarades de classe ?

Elle avait dit ça avec son petit air coquin avant de pendre à son cou. Ensuite caressant délicatement ses cheveux, la jeune fille s’attarda deux minutes en se plongeant dans le regard du jeune homme. Il était d’un vert émeraude, alors que quelques minutes auparavant, il était marron. Elle ouvrit la bouche comme surprise et se souvint de l’entrainement qu’ils avaient fait ensembles.

- Tu te souviens de l’entrainement qu’on a fait. Tu étais presque effrayant, tu le sais ça. Comme j’aimerai avoir des dons comme les tiens… La seule chose que je sais faire, c’est voir l’avenir et le passé. Et encore mes visions sont inexactes, elles changent tout le temps. Mais une chose est sure, c’est que ma vision de toi en serviette ne changera pas de sitôt…

Elle éclata de rires à sa remarque et se souvint d’une chose. La petite sœur d’Elinor était elle aussi à l’Institut. Jane. Une petite tête blonde avec qui elle ne s’était jamais entendue. Du haut de ses seize ans, Jane était une vraie croqueuse d’hommes. Eli se demandait si la nymphomanie était héréditaire. Si c’était de famille ?

- Julian, j’aimerai te demander un service. Pourrais-tu surveiller ma petite sœur, Jane ? Cette gamine est une véritable croqueuse d’hommes et ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne te tombe dessus.

Soudain, un souvenir malheureux lui revint en mémoire. Une vision du passé. Elinor savait laquelle c’était. Elle l’avait depuis maintenant des années. Depuis que Michael avait quitté le domicile familial dix ans auparavant. Elle n’était qu’une gamine alors, mais se souvenait de tout. Ses muscles se contractèrent, elle prit sa tête entre ses mains. Avant de lâcher à Héllion ne pas prendre en compte les paroles qu’elle pourrait dire car cela faisait partie de sa vision.

« J’étais dans la cuisine, assise à la table en train d’avaler mon bol de céréales quand j’entendis une porte claquée. Il était rentré. Enfin. Mon grand frère était revenu. Après des semaines d’absence, je commençais à m’inquiéter. Sans crier gare, je me levais et partis lui sauter dans les bras. Il était plus grand que moi. Agé de quinze ans, je n’avais alors que huit ans.
Michael avait pris l’habitude de partir sans dire où il allait à nos parents, et maman faisait parfois quelques crises de paniques de peur que nous le retrouvions, un jour dans le caniveau. Jane était encore trop jeune pour tout comprendre et moi de même. Soudain, mon père descendit en bas et se mit à hurler sur notre frère. Les disputes incessantes entre eux deux étaient fréquentes et je partais le plus souvent me tapir dans un coin, attendant que cela ne cesse.

- Tu étais où encore ? demanda mon père furieux

- Là où je veux. J’en ai plus que marre de vos conneries. Vous me faites chier. Je me casse et pour de bon, mais avant je vais faire un geste.

Sans demander son reste, mon frère prit une babiole que mes parents affectaient particulièrement à l’époque, pour la jeter au travers de la pièce et atterrir juste à côté de moi. L’espèce de chat en porcelaine se fracassa en milles morceaux et je manquai d’étouffer un petit cri. Puis, il reprit ses affaires, vint m’embrasser sur le front et partit. Ce fut la dernière fois que je vis mon frère… »

- Michael…

- Je t’aime aussi, Julian…

Murmures du vent, soufflant l'infini de la nuit, transportant mots doux et sentiments à travers ces deux êtres enlacés, le temps s'était, semble-t-il, arrêté aux yeux des deux jeunes mutants. Nul besoin du pouvoir singulier d'Elinor pour qu'ils aient la douce impression de pouvoir toujours rester serrés l'un contre l'autre, sans personne pour les déranger, sans ce monde autour deux pour les persécuter. Fougue, passion, tendresse, ils étaient si loin de ces dernières semaines mornes et tristes, fades et ternes comme le ciel gris d'un jour de pluie. A des années lumière même, transportés par ces choses au fond d'eux qu'ils avaient caché, rejeté ou même tenté d'ignorer et qui, à présent, les emplissaient comme une lumière intérieure, leur ouvrant les yeux et réchauffant leurs pauvres petits cœurs meurtris. Ils étaient dans leur petit monde à eux. Julian sentait la chaleur du corps d'Elinor contre le sien, doux réconfort dans le froid de la nuit. Il avait soudainement besoin d'elle, de se savoir à ses côtés, comme une drogue sensuelle et enivrante, et pas dans ce tripot de pervers mal famé. Allait-elle revenir à l'institut, était-ce seulement envisageable ? Il n'en savait rien et, pour le moment, il s'en moquait royalement. Seul comptait l'instant présent, sucré et amer, dans l'intimité de l'obscurité. Un reflet que connaissait bien le jeune mutant passa dans les yeux d'Eli, celui d'une malice sans complexe dont il avait lui aussi l'habitude de faire preuve.

- Écoutes, j’ai entendu dire que vous alliez partir en camping. Que dirais-tu si quelqu’un t’attendait dans la tente, et que cela n’était pas un de tes camarades de classe ?

Julian haussa légèrement les sourcils d'une agréable surprise. Hm, il faudrait dégager Mutt de la tente alors. Mais ça à la limite ce ne serait pas un problème. Mais une question lui vint à l'esprit, comment avait-elle été au courant pour le camping ? Mais pas le temps de lui demander, ni l'envie à vrai dire. Juste rester là, à regarder les éclats coloré des reflets de la ville dans ses yeux hypnotiques. Il lui caressa le visage, sa peau était si douce...

- Tu te souviens de l’entrainement qu’on a fait. Tu étais presque effrayant, tu le sais ça. Comme j’aimerai avoir des dons comme les tiens… La seule chose que je sais faire, c’est voir l’avenir et le passé. Et encore mes visions sont inexactes, elles changent tout le temps. Mais une chose est sûre, c’est que ma vision de toi en serviette ne changera pas de sitôt…

Effrayant ? Serviette ? Julian sourit du coin des lèvres, c'était bien la première fois qu'on lui disait une telle chose à propos de ses pouvoirs. Voilà bien une chose qu'il ne manqua pas de noter en mémoire. Il ne manqua cependant pas de rester presque sans voix face à ses dernières paroles. Ainsi donc, voilà la manière dont Eli usait de son pouvoir : elle s'en servait pour mater les beaux gosses comme lui ! Theresa aurait été là qu'elle lui aurait mis une tape pour le faire revenir sur terre.

- Julian, j’aimerai te demander un service. Pourrais-tu surveiller ma petite sœur, Jane ? Cette gamine est une véritable croqueuse d’hommes et ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne te tombe dessus.

Julian ouvrit de grand yeux. Jane ? Jane était sa sœur ? La Jane de l'institut qu'il connaissait et avec qui il partait parfois en ville la nuit pour faire le mur ? Bon sang, s'il l'avait siu plus tôt il aurait pu lui demander où retrouver Elinor ! Elle était arrivée après le départ d'Elinor, normal qu'il ne les ai jamais vu ensemble.

_" Jane est.. Ta sœur ?!"

Il n'eut cependant pas le temps d'en savoir plus. Le pouvoir d'Elinor venait de se déclencher et elle eut une vision des temps passés ou à venir. Elle se raidit et se prit la tête entre les mains. Le coeur d'Hellion fit un bond dans sa poitrine, ce genre de choses n'étaient jamais très agréables. Il ne pouvait rien faire en cet instant, si ce n'est attendre qu'Elinor revienne parmi eux. Il enserra Elinor entre ses bras pour qu'elle la sente près d'elle, qu'elle sache dans sa vision qu'il était là pour la protéger, si jamais elle pouvait le savoir dans cet état là. Que pouvait-elle voir en cet instant ? Cela les concernait-il tous les deux ? Ou bien juste elle ? Allait-elle entr'apercevoir la mort, proche, froide et inéluctable ou bien les échos des temps passés et oubliés ? C'était si déroutant de ne pas savoir pou lui, alors qu'est-ce que cela pouvait-être pour elle. Il attendit, en silence. Le temps s'étira pour paraître interminable, jusqu'a ce que, enfin, cela se termine. Enfin, du moins jusqu'à ce qu'il se passe quelque chose.

- Michael…

Julian regarda Elinor, était-elle ensore en pleine vision ? Le prenait-il pour quelqu'un d'autre ? Mais, plus encore, qui était ce Michael, si important pour qu'elle le voit dans un de ses visions ? Il fallait seulement espérer qu'elle n'ait rien vu de grave à venir.

_" Eli ? Eli ça va ? Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu as vu ?"

Hm, c'était peut-être indiscret de demander ça en fin de compte. Mais Julian voulait s'assurer que rien ne pouvait atteindre Elinor à nouveau, comme l'avait fait Pyro. Il ne remarqua même pas le pigeon qui passait par la, tenant en son bec un ballon en forme de cœur. Coïncidence ou non, cela reste à voir. Il l'ignora complètement, ce n'était pas comme s'il en avait eu à faire quelque chose en même temps. Cependant, il se rendit compte que ce ne fut pas aussi simple que cela lorsque une horde de pigeon descendit du ciel, les prenant tout les deux pour un perchoir. Ils volaient en tout sens, semblant vouloir absolument se poser sur les deux amoureux. Qu'est-ce qui pouvait bien les attirer de cette manière ? La télékinésie de Julian ? Sûrement pas, ça serait bien une première ! Essayant de les empêcher de les atteindre lui et Elinor, il les repoussa tant bien que mal, ne remarquant pas ce que l'un d'entre eux avait lâché sur Eli. Plusieurs d'entre eux jouaient les troubles fêtes et se posaient sur ses épaules, sa tête... Il opta alors pour une solution radicale et les envoya valser d'une pensée, en prenant garde toute fois à ne pas les tuer, c'est fragile ces petites bêtes.

Retournant son attention vers Elinor, il fut soudainement pris comme d'un vertige. Il la regarda, ses yeux, ses cheveux, son visage... La force des sentiments qui l'habitaient était déjà grande, mais là, il se serait soudainement damné pour être à ses côtés jusque l'éternité. IL était subjugué, dans une sorte de transe hypnotique et irréelle, enivrant les sens et la perception du monde extérieur dans une sorte de féerie onirique et impossible qui l'émut profondément. Elinor était juste magnifique.

"Monsieur...Comment vous appelez-vous ?...Acceptez-vous d'épouser la demoiselle ici présente, celle qui fait de très jolis striptease certains soirs, j'avoue, je suis fan !...hum...pour épouse ? Si oui, veuillez signer ici, ici et là je vous prie, pareil pour vous mademoiselle."

Il fut brutalement ramené à la réalité par cette espèce inconnue de mutant troubleur de l'ordre public. Julian le regarad quelques instants, ne comprenant pas très bien qui étaot cet homme qui leur tendit une feuille et un stylo. Il était encore sous le charme surnaturel d'Elinor et il n'avait que faire des élucubrations de cer homme. Tout ce qu'il souhaitait c'était d'être en paix avec elle et de la rendre heureuse. Cupidon proféra une excuse bidon pour s'éclipser, et il le valait pour lui avant qu'Hellion ne décide de le dégager lui même. Il Prit Elinor par les épaule, essayant de décrypter l'expression sur son visage. Qu'avait-elle vu cette fois-ci ? Il passa sa main dans son cou pour lui caresser les cheveux.

Elinor ? Est-ce que ça va ?

Non, il ne sinquiétait pas de trop pour elle. Après ce qu'elle venait de traverser avec Pyro, après cette attitude suicidaire au bord du toit de la boîte de striptease, ce n'était trop demander de s'enquérir de son état. Le destin s'acharna cependant à ne pas pouvoir les laisser tranquilles quelques minutes. Le charme était brisé et Julian ne supporterait pas une autre andouille venu les déranger.

Ils furent brusquement inondés de lumière, rendant ainsi plus terne l'éclat de son halo télékinésique vert. Un bruit assourdissant se fit entendre tandis que l'on eût cru qu'une tempête venait de se mettre à souffler. Hellion plissa les yeux, affolé. La lumière venait du ciel et c'était clairement un hélicoptère qui venait de les prendre pour cible. Il plaça par réflexes son bras devant son visage, tant pour se protéger de l'éclat douloureux de l'intensité lumineuse que pour empêcher quiconque de le reconnaître. Il serra Elinor contre lui, et se mit entre le monstre métallique et elle dans le même but. Avec toute cette agitation il ne remarqua même pas la disparition du ballon gonflé à l'hélium. Tout ce qui comptait brusquement c'était de s'en aller d'ici, loin de cet hélicoptère inconnu qui ne présageait sûrement que les pires ennuis possibles. Quelqu'un leur cria quelque chose qu'il ne comprit pas et c'est alors qu'il se rendit compte que ce n'était pas n'importe quel modèle d'hélicoptère. C'était un hélicoptère de l'armée, facilement reconnaissable de par son profil et son camouflage. Un sentiment d'horreur envahit Hellion. Si l'armée les tenait, ils étaient fichus. Il étendit un champ de force entre eux deux et l'engin de guerre, qui ne serait certainement pas de trop. L'hélicoptère vira de bord et Julian, dans un accès de folie, n'attendit pas son reste pour embarquer Elinor. Il la prit dans ses bras et décolla, loin de toute cette folie furieuse, loin de l'hélicoptère de ce gouvernement qui cherhait à tous les réduire dans leur condition de mutants, loin de tout, pour ne rester qu'ave elle sous la voûte étoilée. Il prit rapidement de l'altitude, empêchant le vent froid de les atteindre en formant une bulle télékinésique aérodynamique. Il parcouru quelques quartiers, s'assurant ainsi d'être assez loin du toit de la boîte de striptease et choisit un petit parc verdoyant et inoccupé - du moins l'espérait-il - pour atterrir en douceur et déposer délicatement Elinor sur la pelouse verte et fraîche de la rosée de la nuit. Il laissa passer quelques instants de silence, contrepoint appréciable après toutes cette agitation. Il regarda Elinor et - au bout d'un moment - lui posa enfin la question.

Alors... Qu'est-ce que tu as vu ?